Un chirurgien montréalais perdra son droit de pratiquer la médecine pendant un mois pour avoir utilisé son bistouri sur... les mauvais orteils d'une patiente.

En mars 2012, à l'hôpital St. Mary, John Robert Sutton a opéré les gros orteils d'une patiente qui devait plutôt subir une intervention aux os des petits orteils. Il a réalisé sa méprise une semaine plus tard.

Pourtant, «l'examen clinique préalable et les radiographies montraient qu'elle avait besoin d'une opération aux petits orteils», déplore le conseil de discipline du Collège des médecins dans sa décision.

«Pratiquer une chirurgie sur un membre ou un organe qui ne nécessite pas d'intervention est une faute grave», ont ajouté les membres du conseil. Ici «l'opération se faisait sur les pieds, mais on peut imaginer» des cas où une erreur de ce type «amène des répercussions beaucoup plus graves».

En cause: l'omission du médecin d'avoir indiqué au feutre sur le pied de la patiente la zone à opérer. Le médecin pourrait aussi avoir confondu le terme «bunionettectomie» - une intervention aux petits orteils - avec «bunionectomie» - qui soigne les gros orteils, évoque le conseil de discipline.

John Robert Sutton a reconnu sa culpabilité aux accusations disciplinaires auxquelles il faisait face. Ses avocats et ceux de la syndique du Collège des médecins ne s'entendaient toutefois pas sur la sanction à imposer: les premiers proposaient une simple réprimande, alors que les seconds voulaient une radiation de trois mois. Le conseil de discipline a coupé la poire en deux en imposant une radiation d'un mois.

Mais même cette suspension relativement courte pourrait avoir un impact sur les temps d'attente des patients, a affirmé la patronne du service de chirurgie de l'hôpital St. Mary dans un document cité par le conseil de discipline.

«Les patients en attente d'une chirurgie orthopédique à St. Mary font déjà face à de longs délais qui ne feraient qu'empirer si le docteur Sutton devait se retirer pour quelque période que ce soit», a écrit la Dre Donna Tataryn, en appui à son collègue. «Les chirurgies de ses patients ne pourront pas être transférées.»

Le Dr Sutton et ses représentants n'ont pas voulu dire s'ils étaient satisfaits de la décision disciplinaire ou s'ils comptaient la contester. «Il n'y aura aucun commentaire», a affirmé Me Marie-Ève Dufresne, l'une de ses avocates.

Lors de l'audience, le Dr Sutton a affirmé qu'il avait «changé sa pratique pour éviter que cela se reproduise». Son dossier ne comptait aucun antécédent disciplinaire après une quarantaine d'années de pratique.