La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a exprimé ses inquiétudes à Santé Canada sur une entreprise albertaine qui voudrait cultiver le pavot, craignant que le projet médicinal n'intéresse les trafiquants de drogue.

Une note interne révèle que la GRC avait transmis ses réserves sur les opérations de l'entreprise de Lethbridge lors d'une téléconférence avec d'autres agences fédérales en avril dernier.

La GRC avait assuré le suivi dans une lettre adressée à l'un des dirigeants de Santé Canada, où elle rappelait les risques que le pavot ne soit utilisé à des fins «illicites» et que le crime organisé n'infiltre l'industrie.

La Presse Canadienne a obtenu la note interne qui avait été envoyée au sous-commissaire de la GRC pour la police fédérale en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Selon le document, l'entreprise a obtenu l'appui du maire de Lethbridge, de la Chambre de commerce du Canada, du ministère de l'Agriculture et du Développement rural de l'Alberta.

API Labs dit comprendre les préoccupations de la police fédérale, mais elle insiste que les criminels seront tenus loin des activités en prenant les précautions nécessaires.

L'entreprise souhaite mettre en place un marché de culture du pavot dans l'ouest du pays qui permettrait de transformer les plantes en opiacés médicinaux - comme la morphine, la codéine et l'oxycodone. Par ailleurs, les graines de pavot seraient vendues aux pâtisseries.

Selon elle, cette industrie pourrait amener le Canada à être autosuffisant dans la culture et la fabrication d'opiacés - des produits qui génèrent des millions de dollars de revenus chaque année au pays.

API Labs a reçu un permis de Santé Canada en 2011 pour mener des recherches. Sa volonté d'étendre son champ d'action avait alors attiré l'attention de la GRC, selon le président Glen Metzler.

L'Australie et la France cultivent cette plante depuis 40 ans sans qu'il n'y ait eu de détournement criminel important, a plaidé M. Metzler. «Le risque de détournement est là. Mais il peut être atténué», a-t-il remarqué. Par exemple, API Labs a embauché un commissaire divisionnaire de la GRC pour aider à la sécurité.

Aucune entreprise ne cultive le pavot au Canada, mais il existe déjà des manufactures pour transformer la substance importée, selon M. Metzler.

L'entreprise a confirmé avoir rencontré le mois dernier la GRC pour en savoir davantage sur ses préoccupations.

La sergente-chef de la GRC Julie Gagnon a indiqué que la police fédérale ne fournirait pas de plus amples détails.