Dans des CHSLD des Laurentides, des préposés aux bénéficiaires offrent leurs services en dehors des heures de travail et en échange d'argent comptant pour donner un deuxième bain par semaine aux personnes âgées. Une pratique au noir connue et endossée par des dirigeants.

La Coalition avenir Québec a dénoncé ce «marché noir», document à l'appui, à l'Assemblée nationale mercredi. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a promis de faire des vérifications et de mener une enquête «s'il le faut».

La CAQ a obtenu une lettre datée du 19 mars et écrite par la commissaire aux plaintes des Laurentides. Cette lettre est destinée à une directrice générale adjointe de l'agence de cette région.

La commissaire rend une décision relativement à une plainte présentée par le regroupement régional des comités des usagers des établissements des Laurentides. Cette plainte indique que les droits et la sécurité des résidents hébergés en CHSLD de la région sont «compromis». «Plus précisément, on mentionne que dans certains établissements des préposés aux bénéficiaires offrent leurs services en dehors des heures travaillées et en échange d'argent pour donner un deuxième soin d'hygiène (bain ou douches) aux résidents hébergés en CHSLD».

La commissaire indique que, «étonnamment», les directeurs d'un comité de l'agence «ont mentionné être bien au fait de ces pratiques qu'ils endossent pour la plupart».

Les représentants des usagers sont justifiés selon elle de remettre en question ces pratiques, «notamment eu égard aux risques d'abus financiers, puisque les montants demandés varient, qu'aucun reçu n'est remis au résident, qu'il s'agit de travail au noir et ultimement, que la qualité des services ne peut être assurée».

Elle recommande donc «d'identifier avec les établissements concernés, les alternatives possibles à l'offre de service pour les soins d'hygiène afin de répondre aux besoins des résidents tout en s'assurant du respect de leurs droits et évitant toute forme d'abus».

Le député caquiste François Paradis a demandé à Gaétan Barrette d'émettre une directive pour que ces pratiques cessent. Ce dernier a demandé à son ministère de faire des vérifications et «s'il y a lieu, il y aura enquête». «Lorsque les règles ne sont pas suivies, normalement, il y a des sanctions. Et évidemment, il y en aura.»  

«Ce que je trouve troublant dans cette histoire, a dit le ministre, c'est que ce sont les employés eux-mêmes qui semblent participer à une espèce de marchandage. Si les choses se passent comme elles ont été décrites, ça m'apparaît très discutable.»

Ce «marché noir» démontre-t-il qu'un bain par semaine est insuffisant ? «Pas nécessairement», a répondu M. Barrette. «Je ne vous dis pas que c'est l'idéal», mais cette norme est «jugée adéquate».

«Dans un CHSLD ou une résidence pour personnes âgées, les familles ont le droit de venir donner plus d'un bain par semaine, et ça se fait», a-t-il ajouté.