Alors que l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESSS) s'apprête à rendre public un important rapport sur la possibilité de rembourser les traitements de psychothérapie au Québec, un regroupement diffuse aujourd'hui un mémoire qui rappelle l'urgence de mettre en place cette mesure.

Le Collectif pour l'accès à la psychothérapie (CAP) indique que près d'une personne sur cinq est atteinte de troubles mentaux au Québec. Mais même si le Commissaire à la santé et au bien-être réclamait dès 2012 que la psychothérapie fasse partie du panier de services des Québécois, il n'en est toujours rien.

«On veut que ces traitements deviennent accessibles pour tous. Selon un régime ressemblant à celui de l'assurance médicaments», résume David Levine, porte-parole du CAP et ancien président de l'Agence de la santé de Montréal.

«Pour toutes ces raisons, le Commissaire estime que rehausser l'accès à la psychothérapie - comme l'ont fait le Royaume-Uni et l'Australie - permettrait de réduire les inégalités d'accès observées, de diminuer le nombre de personnes invalides, de réduire les coûts sociaux et économiques liés aux troubles mentaux et, ainsi, d'améliorer la santé et le bien-être des Québécois.», selon le rapport du Commissaire à la santé et au bien-être.

À la suite du rapport du Commissaire publié en 2012, l'INESSS avait été mandaté pour en évaluer la faisabilité. «Les deux premiers volets de cette analyse seront rendus publics ce mois-ci, précise la porte-parole de l'INESSS, Olivia Jacques. Les analyses porteront sur l'efficacité et l'innocuité de la psychothérapie par rapport à la pharmacothérapie et sur les politiques adoptées dans d'autres pays.»

Le CAP estime que le financement des services de psychothérapie coûterait environ 400 millions au gouvernement québécois. Pour M. Levine, même si le Québec vit actuellement une période de restrictions budgétaires, il faut rapidement financer les services de psychothérapie.

«Même en période d'austérité, il faut penser à long terme pour le bien-être des patients», dit-il. À long terme, financer les soins de psychothérapie permettra de diminuer les coûts directs pour le système de santé et de réduire les prestations d'assurance-emploi, notamment, note M. Levine.

La présidente retourne à la pratique

La très médiatisée présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest, quittera son poste le 22 mai. Celle qui a été à la tête de l'Ordre pendant 17 ans espère que le gouvernement ira de l'avant avec le remboursement de la psychothérapie au Québec. «C'est mon seul regret de ma présidence: qu'on n'ait pas beaucoup avancé pour l'accessibilité des services psychologiques au Québec. Il faut que les services soient accessibles à tous. Pas juste à ceux qui ont de l'argent», dit Mme Charest. Mme Charest souhaite maintenant se consacrer à sa carrière en communication, tout en continuant de pratiquer son métier, qu'elle «adore toujours» et qui lui permet de «rester humble». Mme Charest avait envisagé de quitter son poste de présidente il y a trois ans. «Mais la loi encadrant la pratique de la psychothérapie n'était pas encore en vigueur et je voulais être là quand tout se ferait», dit-elle. Mme Charest considère d'ailleurs cette loi comme sa plus grande réalisation.