La région de Lanaudière connaît depuis quelques jours une augmentation du nombre de cas de rougeole, et une personne contagieuse a fréquenté un établissement scolaire de la région, pendant une journée, indique mercredi la Direction de santé publique (DSP) de l'Agence de la santé et des services sociaux.

Les autorités ont recensé jusqu'ici 119 cas déclarés à la DSP, et tous ces cas sont issus de familles nombreuses. Par ailleurs, aucune de ces personnes - des adultes et des enfants - n'avait été vaccinée. Dans le but de limiter la propagation, ces personnes et leur famille ont reçu la consigne de demeurer à la maison pour une période de 14 jours. La DSP s'attend quand même à recevoir d'autres déclarations de cas de rougeole.

Cette éclosion rapide n'a pas surpris outre mesure les autorités de la santé publique de Lanaudière, puisque les cas recensés provenaient d'une vingtaine de familles comptant de sept à 10 enfants chacune, et qu'aucune de ces personnes n'était vaccinée, a indiqué la docteure Joane Désilets, de la DSP régionale.

Quant au cas qui a fréquenté l'école Saint-Pierre, à Joliette, le 27 février, une journée avant la semaine de relâche, la DSP a immédiatement mis en place la politique de retrait en milieu scolaire. En vertu de cette politique, le personnel et les élèves considérés «non protégés» contre la rougeole pourront se faire vacciner jeudi, à l'école même. S'ils refusent, ils seront retirés de l'école pour une durée de 14 jours suivant le dernier cas de rougeole observé dans l'école.

L'école Saint-Pierre est composée de trois pavillons fréquentés par 700 élèves et membres du personnel. Là-dessus, 51 membres du personnel et 114 élèves sont considérés «non protégés». Le personnel du Centre de santé et des services sociaux communique maintenant avec les parents d'enfants concernés, et la direction de l'école a informé le personnel.

Le premier cas de rougeole dans Lanaudière a été déclaré à la DSP le 10 février chez un homme qui revenait de Californie, où il avait visité le parc d'attractions souvent cité comme la source de cette éclosion en Amérique du Nord.

«La vaccination contre la rougeole est très efficace et constitue le meilleur moyen de protection contre la maladie et ses complications», a martelé mercredi la directrice régionale de la Santé publique, la docteure Muriel Lafarge.

Le vaccin contre la rougeole est inclus dans le calendrier vaccinal du Québec; il est administré à l'âge de 12 et 18 mois. Les personnes nées avant 1970 sont considérées protégées contre la rougeole, une maladie qualifiée de grave et d'extrêmement contagieuse, par la voie des airs.

«J'invite les parents à prendre leurs responsabilités et à faire vacciner leur enfant, a indiqué à Québec la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois. On n'en avait plus de cas de rougeole au Québec.»

La majorité des cas au sein de La Mission de L'Esprit-Saint

Les cas de rougeole touchent principalement un groupe religieux de la région, La Mission de L'Esprit-Saint, a indiqué mercredi un membre de ce groupe.

Bien que les autorités de la santé n'aient pas identifié le groupe, le directeur de l'école de musique de La Mission de L'Esprit-Saint, Emmanuel Francoeur, a affirmé à La Presse Canadienne que la majorité des cas touchait cette communauté.

Ce n'est pas la première fois que la rougeole frappe ce groupe. Un rapport de Santé Canada mentionne que 22 cas avaient ébranlé la communauté en 1994. Tout en refusant la vaccination, ils avaient coopéré avec les autorités en restreignant les contacts avec l'extérieur pour minimiser la contagion, comme c'est le cas actuellement.

Les autorités ont indiqué mercredi que deux personnes souffraient d'une pneumonie et qu'une dizaine avaient été hospitalisées.

«Quand quelque chose comme ça se produit, les gens sont priés de rester chez eux et d'attendre que la contagion soit finie, pour minimiser les dommages. Or, c'est ce qui se fait actuellement», a soutenu M. Francoeur, mercredi, en entrevue téléphonique.

Le directeur de l'école de musique de La Mission de L'Esprit-Saint a fait valoir qu'il était injuste de décrire la communauté comme étant anti-vaccin.

«C'est un groupe entre 500 et 600 personnes. Là-dessus, il y a des gens qui sont vaccinés, il y en a qui ne le sont pas. Chaque personne est commandant de son propre navire. Les gens prennent une décision par rapport à leur famille, par rapport à eux», a-t-il expliqué.

«Le mouvement comme tel, le point de départ n'est pas une condition anti-vaccin. La raison pour laquelle on est ensemble, ce n'est pas de monter une révolution contre le vaccin!», a-t-il poursuivi, soulignant du même souffle qu'environ dix pour cent de la population québécoise n'était pas vaccinée.

M. Francoeur a décrit le mouvement comme un «groupe spirituel avec des valeurs communes». Il a ajouté qu'une de ces valeurs était de «donner des chances à nos enfants d'avoir une jeunesse normale et une vie la plus honnête possible». Beaucoup des membres «scolarisent» les enfants à la maison dans le groupe, a-t-il indiqué.