La décision de Québec de sabrer 23,7 millions en santé publique dès l'an prochain entraînera la disparition, uniquement à Montréal, de 60 à 70 postes de professionnels.

«La majorité de notre budget est consacré aux professionnels. Nous ne pourrons pas effectuer les coupures sans retrancher des postes», confirme le directeur de santé publique de Montréal, le Dr Richard Massé. Des postes d'infirmière, de nutritionniste, de pharmacien, de kinésithérapeute et de sexologue sont notamment menacés.

«C'est la santé des générations futures qui est en jeu», dénonce la Dre Catherine Dea, présidente de Jeunes médecins pour la santé publique (JMSP).

Comme l'a rapporté Le Devoir hier matin, les 16 directions régionales de santé publique de la province devront sabrer 23,7 millions de leur budget pour la prochaine année. Cette somme représente 33% de leur budget total de 72 millions.

La porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Marie-Claude Lacasse, affirme que «les efforts devront se faire sur les activités administratives».

Pourtant, une lettre émanant du MSSS envoyée la semaine dernière aux directions de santé publique indique que les efforts toucheront les activités de promotion (35%), de protection (15%), de surveillance (15%) et d'administration (35%), confirme le Dr Massé.

«Plusieurs directions de santé publique s'apprêtent à mettre à pied des professionnels de la santé. Pas du personnel de bureau!», résume la Dre Dea.

Dans une région du Québec, c'est la moitié de l'équipe qui travaille sur les saines habitudes de vie qui sera éliminée, a appris La Presse. À Montréal, une partie de l'équipe qui travaille à la prévention des maladies chroniques est en péril.

Au cabinet de la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, on indique que l'objectif des coupes, qui découlent du projet de loi 10, est d'«optimiser les budgets», notamment en «regroupant des fonctions administratives». L'attachée de presse de la ministre Charlebois, Alexandra Bernier, soutient que le budget total en santé publique, incluant les budgets locaux, est plutôt de 325 millions. «Les coupures ne représentent donc que 7,3% du budget total», dit-elle.

Pour la Dre Dea, cette décision de faire des compressions en santé publique est «aberrante». «Surtout que l'on sait qu'investir en santé publique, ça rapporte. Par exemple, chaque dollar investi pour la vaccination de la rougeole rapporte de 15 à 20$. Mais ce retour sur l'investissement, ça prend du temps. C'est plus long qu'un mandat du gouvernement», note-t-elle.

Liliane Bertrand, présidente de l'Association pour la santé publique du Québec, qualifie la décision de Québec «d'insensée». «L'Organisation mondiale de la santé recommande de mettre 5% du budget de la santé en prévention. Nous, on met 2%. Et là, on coupe. Si on veut une population en meilleure santé, il faut mettre de l'argent en prévention», dit-elle.