Le Collège des médecins reconnaît que ses membres sont « parfois mal outillés » pour poser des diagnostics liés aux troubles d'apprentissage et de comportement chez les élèves. « On est conscients qu'il y a un problème de surdiagnostic », a affirmé sa porte-parole, Leslie Labranche, hier.

Le Collège des médecins se dit « préoccupé » par l'explosion des diagnostics mise au jour par La Presse, cette semaine. Des spécialistes soutiennent qu'il y a surenchère en matière de dyslexie et de trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), par exemple.

« C'est un problème qu'on note dans nos inspections professionnelles : les médecins sont parfois mal outillés ou ne sont pas tout à fait à jour sur ce trouble de santé là », a déclaré Leslie Labranche. Le « problème de surdiagnostic de TDAH » n'est toutefois pas généralisé ou relevé « de manière très fréquente », selon elle. « Mais c'est quand même un sujet qu'on suit. On sait que le problème existe. »

L'ordre professionnel fera un rappel à ses membres dans les prochains numéros de la revue Le Collège, publié quatre fois par an. « On va indiquer aux médecins de bien revoir les lignes directrices existantes en la matière pour s'assurer qu'ils sont bien à jour sur ce problème de santé là », a déclaré Mme Labranche, faisant référence au TDAH.

Au cours des derniers mois, le Collège des médecins a retiré ses propres lignes directrices en la matière « parce qu'elles n'étaient plus à jour ». Il invite plutôt les médecins à consulter les directives de l'Association professionnelle des médecins psychiatres, de l'association des pédiatres et de la Société canadienne de pédiatrie.

« La source du problème, c'est le manque de pédopsychiatres dans le système de santé. Ça retombe sur les épaules des médecins de famille, qui font leur possible. », afirme Leslie Labranche.

De son côté, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, s'interroge sur l'explosion des diagnostics. Il entend mener des travaux avec le Collège des médecins pour évaluer les pratiques.

« Il faut analyser la chose parce que, moi aussi, à la lecture de ce que je vois du milieu, on peut se poser des questions et on doit se poser des questions », a-t-il déclaré lors d'une mêlée de presse à l'Assemblée nationale.

Discussions à venir

Il a précisé que ce dossier touche les « guides de pratique », ce qui relève directement des compétences du Collège des médecins, et non des siennes. « Par contre, j'ai la capacité, et je vais l'exercer, d'entreprendre des discussions avec le Collège pour voir ce qu'on peut faire pour normaliser une pratique, si elle n'est pas normale. Il faut quand même faire un constat avant », a-t-il dit.

Selon un guide du ministère de l'Éducation, pour déclarer qu'un élève est handicapé ou aux prises avec des troubles graves du comportement (EHDAA), il faut un diagnostic posé par du personnel qualifié, par exemple un médecin, un psychologue, un orthophoniste ou un conseiller d'orientation, selon le cas.

La Fédération des syndicats de l'ensei-gnement, affiliée à la CSQ, rappelle cette règle et estime que Québec « erre complètement » en soutenant qu'il y a une « course » aux diagnostics dans les commissions scolaires pour toucher plus de subventions. Elle demande l'ajout de 600 professionnels pour venir en aide aux élèves en difficulté. Elle réclame également une révision des processus administratifs pour que le personnel scolaire se concentre sur le suivi des élèves et non sur leur diagnostic.