L'obésité et l'embonpoint coûtent 1,5 milliard par année au système de santé, révèle une nouvelle étude publiée lundi par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

«Mais le coût réel est encore plus élevé, parce que certaines valeurs n'ont pas été calculées. Il faut entre autres ajouter le coût des médicaments, la diminution de la productivité [...] On parle de grosses sommes et ça devrait interpeller le gouvernement», estime le directeur de la recherche de l'axe cardiologie à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), le Dr Jean-Pierre Després.

La ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, promet qu'elle déposera une nouvelle politique de prévention en santé, dont une partie portera sur l'obésité, cette année.

Plus de consultations

Diverses maladies chroniques évitables sont associées à l'embonpoint, comme le diabète de type 2, l'hypertension, les maladies cardiovasculaires, les maux de dos et l'arthrose.

L'analyse de l'INSPQ montre aussi que les Québécois souffrant d'obésité consultent plus fréquemment un médecin que leurs concitoyens de poids normal, ce qui représente un fardeau économique de 110 millions par année.

Nombre de consultations annuelles chez le médecin:



• Québécois de poids normal: 3,6 fois

• Québécois obèses: 4,1

Plus d'hospitalisations



Les Québécois souffrant d'obésité enregistrent également un plus grand nombre de nuits d'hospitalisation par année, ce qui représente un fardeau économique de 1,4 milliard.

Nombre de nuits d'hospitalisation par année :



• Québécois de poids normal: 1,0

• Québécois obèses: 2,3

Que faire?



Le Québec doit notamment rendre les environnements «plus favorables à la saine alimentation et à l'activité physique», conclut l'étude.

La directrice de la Coalition poids, Corinne Voyer, croit que Québec devrait notamment imposer une taxe sur les boissons sucrées. Cette taxe serait entièrement réinvestie dans la prévention de l'obésité et des maladies chroniques.

La directrice générale de l'Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), Lucie Granger, estime qu'il faut investir en prévention en privilégiant des investissements en transports collectif et actif et en éliminant les déserts alimentaires.

Nouvelle politique en vue

Ayant elle-même perdu 78 livres au cours des derniers mois, la ministre Lucie Charlebois affirme que le coût de l'obésité «n'est pas seulement économique. Il est aussi humain». La ministre déposera dès cette année une nouvelle politique de prévention en santé. «Les recommandations toucheront plusieurs ministères», annonce-t-elle, tout en ajoutant qu'il n'est pas question pour l'instant de taxer les boissons gazeuses.

Définition de l'obésité

L'obésité et l'embonpoint sont définis comme «une accumulation anormale ou excessive de graisse qui présente un risque pour la santé».

Sur 2417 adultes québécois sondés par l'étude de l'INSPQ:





• 53,1% avaient un poids corporel normal

• 32,6% présentaient de l'embonpoint

• 11,2% présentaient de l'obésité

Sédentarité et alimentation en cause

L'analyse de l'INSPQ montre que la présence de cas d'obésité et d'embonpoint est étroitement liée à deux grands phénomènes:

1- la diminution de l'activité physique, en raison, notamment, de:

• la sédentarisation du travail

• la réduction de l'activité physique dans les transports

• la sédentarisation des loisirs

2- la transformation du système alimentaire, en raison, notamment, de:

• le faible prix des aliments très caloriques

• la distribution et le marketing alimentaires qui rendent la nourriture constamment accessible