La Direction de santé publique de Lanaudière a confirmé, hier matin, que 10 citoyens sur son territoire étaient bel et bien atteints de la rougeole. Deux autres cas sont également en observation. La Presse a interrogé deux experts sur cette maladie, considérée comme l'une des plus contagieuses au monde.

Q: Comment les citoyens de Lanaudière ont-ils été infectés?

R: Les personnes infectées, qui font partie de deux familles, ont contracté la maladie «lors d'une visite dans un parc en Californie où d'autres cas ont été recensés», a déclaré la Direction de santé publique de Lanaudière. Elles n'étaient pas vaccinées contre la rougeole. Depuis le début de l'année, plus d'une centaine de cas de rougeole ont été recensés aux États-Unis. Le foyer de l'épidémie a été localisé dans le parc d'attractions de Disneyland en Californie.

Q: La maladie est-elle éradiquée au Québec?

R: «La rougeole n'était pas éradiquée, mais "éliminée"», précise Vladimir Gilca, épidémiologiste à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). En d'autres mots, très peu de cas ont été déclarés au cours des toutes dernières années. Mais en 2011, une éclosion s'était déclarée en Mauricie. En tout, 776 personnes avaient été infectées dans huit régions du Québec.

Q: Qu'est-ce que la rougeole?

R: La rougeole se transmet par voie aérosol. «C'est l'une des maladies les plus contagieuses que l'on connaisse. Si une personne avec la rougeole se trouve dans une foule de gens non vaccinés, elle va infecter de 12 à 18 personnes», illustre M. Gilca. Les symptômes de la rougeole sont la fièvre, des rougeurs sur la peau et des maux de tête. Dans certains cas, les patients doivent être hospitalisés et peuvent même en mourir. Il faut remonter à 1989 pour retrouver le dernier cas de mortalité due à la rougeole. Lors de l'épidémie de 2011, 11% des patients atteints ont dû être hospitalisés.

Q: Quelle est la protection vaccinale au Québec?

R: Le calendrier vaccinal au Québec prévoit que chaque enfant reçoit deux doses de vaccin contre la rougeole: l'une à 12 mois, l'autre à 18 mois. «De 2 à 5% des enfants ne répondent pas à la première dose. Nous en donnons donc une deuxième pour une protection accrue», explique M. Gilca. De 95 à 97% des enfants de la province reçoivent la première dose du vaccin, mais à peine de 84 à 90% des enfants reçoivent la seconde. «Ce n'est pas assez. Pour éliminer la maladie, il faut un taux de vaccination de 95% pour les deux doses», reconnaît le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda.

Au Québec, de 1 à 2% des parents ne font pas du tout vacciner leur enfant.

Q: Avec l'apparition de ces 10 cas dans Lanaudière, le Québec doit-il craindre une épidémie?

R: Il est encore trop tôt pour le dire. «Tant que deux périodes d'incubation de 14 jours ne se seront pas écoulées, on ne pourra pas savoir si d'autres cas se présenteront ou non», estime le Dr Arruda. La Direction de santé publique de Lanaudière affirme toutefois que les personnes ayant été en contact avec les personnes atteintes de la rougeole ont été jointes et qu'aucun endroit public ou établissement scolaire n'est concerné.

Q: Que faire?

R: Les autorités sanitaires ont profité de l'occasion, hier, pour lancer un plaidoyer pour la vaccination. «Le vaccin contre la rougeole est très efficace et constitue le meilleur moyen de protection contre la maladie et ses complications», a déclaré la Dre Joane Désilets, médecin-conseil à la Direction de santé publique de Lanaudière.

«J'invite les gens à penser à leur responsabilité sociale. Ce vaccin n'est pas dangereux, il n'entraîne pas de maladies, tel que ça a déjà été évoqué. Ce qui a été évoqué dans le passé a été démenti par les auteurs mêmes qui l'ont évoqué», a déclaré le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

- Avec la collaboration de Martin Croteau