Les autorités sanitaires ignorent comment gagner la confiance des parents qui croient que les vaccins sont plus dangereux pour leurs enfants que les maladies desquelles ils protègent.

Mais lorsque le virus de la rougeole a commencé à se répandre à Toronto, le ministre ontarien de la Santé, Eric Hoskins, a demandé aux parents d'«examiner la preuve».

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Les parents doivent s'informer, a plaidé M. Hoskins, soulignant la nécessité de garder le taux de vaccination assez haut pour protéger l'immunité collective, qui assure qu'un virus ne peut se répandre dans la population puisque trop peu de personnes n'en sont pas protégées.

Selon la médecin Monika Naus, experte en rougeole au centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, la recherche n'est pas assez avancée sur la façon de «convertir» ces parents.

Mais les experts qui étudient le mouvement antivaccin savent que les parents ne sont pas ignorants en la matière, bien au contraire. Ils lisent des tonnes de résultats de recherche et en parlent de long en large avec des amis.

Le problème est que leurs sources d'information renforcent leurs croyances sur les dangers associés aux vaccins. À l'exception de quelques communautés religieuses, les gens les plus enclins à rejeter les vaccins sont des personnes éduquées qui sont attirées par les médecines alternatives et croient qu'ils savent ce qui est le mieux pour leur enfant.

L'une des explications possibles est que ce qui prouve le succès des vaccins, c'est-à-dire l'absence dans la société des maladies qu'ils préviennent, fait en sorte que les parents ne sentent pas que ces maladies, la rougeole ou la coqueluche par exemple, menacent leurs enfants. Le vrai danger pour eux vient des seringues et des grandes compagnies pharmaceutiques, a remarqué le docteur Kumanan Wilson, un médecin d'Ottawa qui a étudié le refus du vaccin.

Rendre la menace réelle

M. Wilson a fait une étude il y a quelques années, pour vérifier si le vaccin aurait plus de succès si la menace paraissait plus réelle. Il a divisé en deux groupes des détracteurs du vaccin. À l'un, il a donné une conférence sur la rougeole. À l'autre, il a fait rencontrer un survivant de la polio.

«Nous nous sommes rendu compte que 25 % du groupe qui a rencontré le survivant de la polio est devenu encore plus anti-vaccin après la présentation», a-t-il rapporté.

«Ils croyaient que c'était une présentation biaisée et voulaient savoir pourquoi nous n'avions pas invité de gens souffrant de conséquences des vaccins. Ils pensaient que ça avait été organisé par l'industrie pharmaceutique.»

Une étude américaine a produit des résultats similaires.

Monika Naus affirme toutefois que les taux de vaccination sont stables au pays et que le taux de refus n'a pas augmenté.

«Il ne semble pas y avoir une forte tendance, mais la couverture du vaccin a atteint un plateau.»