Vous planifiez un voyage dans le Sud? Plusieurs destinations soleil sont touchées par le chikungunya. Ce virus est peu connu des Québécois. Pourtant, la maladie transmise par des moustiques infectés a progressé à une vitesse fulgurante depuis décembre 2013. Dans les Caraïbes, les Amériques et la Floride, près de 900 000 personnes l'ont contracté, dont au moins 210 Canadiens.

«C'était comme si je faisais de l'arthrite, raconte le Montréalais Étienne Côté-Paluck, qui l'a contracté en Haïti au printemps dernier. J'avais de la difficulté à marcher, mes membres étaient engourdis, mes mains et mes pieds étaient enflés. Je faisais aussi de la fièvre et j'avais des taches rouges sur la peau. Ç'a duré un mois.»

Il n'existe aucun vaccin ni traitement contre le chikungunya. Étienne Côté-Paluck, qui est collaborateur de La Presse en Haïti, s'est contenté de soigner ses symptômes avec du Tylenol.

Dans les Caraïbes, le virus a fait environ 140 morts, surtout chez les personnes âgées et les enfants. «Le chikungunya est rarement mortel, précise Nicholas Ogden, épidémiologiste chez Santé Canada. Mais c'est une maladie qu'on ne veut pas contracter, parce que les douleurs peuvent persister pendant des mois, voire des années.»

Précautions

Selon Santé Canada, il faut prendre la situation très au sérieux. «Si vous allez dans les pays touchés par le chikungunya, je suggère de faire des actions préventives, explique l'épidémiologiste. Vérifiez si l'hôtel contrôle les moustiques, s'il y a de la climatisation dans les chambres et les restaurants. Les moustiques infectés sont présents à toute heure de la journée, et pas seulement en forêt. On les retrouve surtout près des édifices et parfois à la plage.»

En plus de la crème solaire, il faut donc mettre dans ses valises un insectifuge à base de DEET. Pour prévenir les piqûres de moustiques, l'Agence de santé publique du Canada suggère aussi le port de chandails pâles à manches longues, de pantalons, de chapeaux et de souliers.

Agences de voyages

Lorsque vous magasinez vos vacances au chaud, ne comptez pas sur les agences de voyages pour vous prévenir. La Presse en a contacté une vingtaine. Une seule nous a parlé de la présence du chikungunya. «Dès le mois de juin, nous avons décidé d'avertir tous les clients qui voulaient acheter un voyage dans les endroits à risque, explique Badia Haddadi, conseillère en voyage chez Cinquième Saison, à Outremont. Finalement, nous n'avons pas perdu de ventes. Les clients ont tout simplement acheté autre chose.»

Cinquième Saison voulait aussi éviter les mauvaises surprises à ses clients. «Les clients ne sont pas remboursés s'ils décident d'annuler leur voyage, parce que le gouvernement du Canada n'a pas publié de recommandation d'éviter les pays touchés par le virus.»

L'épidémie de chikungunya s'est déclenchée à Saint-Martin en décembre 2013 et s'est propagée dans toutes les îles de la mer des Caraïbes et dans le continent américain. La France a déclaré 11 cas de personnes infectées sur son territoire européen. Ici, au Canada, la maladie n'est pas à déclaration obligatoire. Toutefois, le ministère de la Santé et des Services sociaux a répertorié 62 cas et la Direction de la santé publique de Montréal, 37 cas.

Selon les données de surveillance entomologique, les moustiques qui peuvent transporter le virus ne seraient pas présents au Québec.