Un hôpital abandonné du secteur Villeray, dans lequel le ministère de la Santé a songé à implanter un centre d'hébergement pour des patients inuits, est à vendre.

Un appel public de propositions d'achat a été lancé le 31 octobre pour décider du sort de l'ancien hôpital chinois, situé à l'angle des rues Saint-Denis et Faillon.

L'immeuble, dont l'évaluation municipale s'élève à plus de 4 millions, est abandonné depuis 1999. Il était considéré comme «excédentaire» par l'hôpital chinois, dont le pavillon principal est situé rue Viger, dans le Vieux-Montréal.

L'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal dit avoir proposé à d'autres établissements de reprendre l'immeuble. Or, d'importantes mises à niveau doivent être réalisées, notamment aux systèmes de chauffage et de climatisation.

«Cette mise à niveau est de l'ordre d'au moins 7 millions de dollars et met un frein à n'importe quel projet d'immobilisation, a expliqué la porte-parole de l'Agence, Geneviève Bettez. Aucun établissement n'a sérieusement manifesté d'intérêt.»

Même abandonné, a-t-elle précisé, l'immeuble coûte 180 000$ chaque année à l'Agence pour couvrir les frais de chauffage, l'électricité, le maintien de la sécurité et l'entretien extérieur.

Projet pour patients inuits

C'est dans cet immeuble que l'Agence de la santé et des services sociaux du Nunavik souhaitait implanter un centre d'hébergement pour des patients inuits. Ce projet, proposé en 2010, a provoqué une vive réaction dans l'arrondissement.

La mairesse Anie Samson craignait que l'arrivée massive de patients du Nord québécois entraîne de «l'incivilité». Des résidants sont allés plus loin en distribuant des tracts mettant la population en garde contre un «danger imminent».

L'Agence de la santé et des services sociaux du Nunavik a finalement renoncé au projet.

Craintes des locataires

L'Association des locataires de Villeray estime que la mise en vente du bâtiment constitue une «occasion» pour le développement de logements sociaux. Mathieu Frappier, un militant de l'organisme, presse les autorités municipales d'empêcher que l'immeuble soit converti en projet de condominiums.

Il craint qu'un tel projet entraîne une hausse de l'impôt foncier dans les autres immeubles du secteur, hausse qui serait refilée aux locataires.

«Personne ne peut être pour un bâtiment à l'abandon dans une zone urbaine dense, a indiqué M. Frappier. Mais s'il y a des condos qui poussent, c'est clair que pour les locataires de Villeray, ce n'est pas une bonne nouvelle parce que les condominiums entraînent une pression à la hausse sur les loyers.»