Les ambulanciers d'Urgences-santé sont toujours inquiets de leur manque de préparation si l'épidémie de fièvre Ebola devait atteindre le Québec. Le président du syndicat du préhospitalier, Réjean Leclerc, estime ne pas avoir l'équipement nécessaire pour transporter de manière sûre tous les patients potentiellement atteints du virus.

«Le Québec est théoriquement prêt à recevoir des patients atteints d'Ebola. Mais pas en pratique», dit-il. Selon M. Leclerc, les ambulanciers «ne sont pas suffisamment protégés si jamais ils doivent déplacer une victime [libérant] beaucoup de fluides corporels». Il explique que seule l'équipe vouée au transport des cas confirmés d'Ebola vers les deux hôpitaux de référence (Centre hospitalier de l'Université de Montréal et CHU Sainte-Justine) possède des tenues entièrement étanches.

«Pour les autres, nous avons des combinaisons de type TYVEK. Mais elles ne sont pas complètement imperméables. Si on doit transporter une personne atteinte d'Ebola, mais qui n'est pas encore un cas confirmé, de chez elle à un hôpital, on n'est pas bien protégés», dit-il.

Selon lui, des formations doivent aussi rapidement être offertes pour apprendre aux ambulanciers à se vêtir et se dévêtir sans se contaminer. «Ce n'est pas encore la panique. Mais c'est justement le temps de bien se préparer», note-t-il.

Une équipe spéciale

Directeur de la qualité des soins préhospitaliers chez Urgences-santé, Claude Desrosiers précise que les 20 paramédicaux faisant partie de l'équipe spéciale chargée de transporter les cas avérés d'Ebola vers les hôpitaux de référence ont reçu une formation poussée et possèdent tous des équipements entièrement étanches. «Cette équipe a reçu le mandat de transporter tous les cas confirmés de partout au Québec», note-t-il. Douze équipes supplémentaires sont formées pour accomplir cette même tâche.

M. Desrosiers explique que les procédures pour les patients Ebola sont établies, mais «en constante évolution». «Certaines mesures étaient adéquates en juin, mais plus maintenant. La situation évolue et on suit les choses de près.»

En ce qui concerne les équipements supplémentaires réclamés par les ambulanciers, M. Desrosiers dit être «en discussion avec le ministère de la Santé à ce sujet». Et pour les formations, notamment sur la façon sécuritaire de retirer les combinaisons, M. Desrosiers affirme qu'une vidéo explicative sera diffusée sous peu.

Les dentistes aux aguets

Les dentistes de la province ne sont pas insensibles à l'épidémie d'Ebola. En banlieue sud de Montréal, l'orthodontiste Brita Nadeau a commencé à poser des questions à ses patients pour savoir s'ils font de la fièvre et s'ils ont voyagé dans l'un des pays touchés. «Je prends ce genre de mesure à chaque épidémie. Je l'avais fait pour le SRAS», dit-elle. Le président de l'Ordre des dentistes, le Dr Barry Dolman, revient d'une réunion au Texas où il a rencontré des homologues américains pour discuter de la prise en charge de patients potentiellement atteints de fièvre Ebola. «On demande aux gens qui ont voyagé dans les pays visés d'attendre 21 jours avant de visiter le dentiste», dit-il. Le Dr Dolman explique que tout le réseau est aujourd'hui «en mode réaction». «Nous avons déjà un protocole pour les infections. Mais on est en train d'en créer un spécifiquement pour l'Ebola [...] »