Une majorité écrasante de Canadiens et de Québécois appuieraient la légalisation de l'aide médicale à mourir pour les individus atteints d'une maladie incurable, selon un sondage réalisé par la firme Ipsos pour un groupe de pression ontarien.

Dans le cas d'individus gravement handicapés sans être atteints de maladie incurable - comme celui du tétraplégique Pierre Mayence dont La Presse a fait état hier -, l'appui à l'aide médicale à mourir baisse à 67% dans l'ensemble du pays.

M. Mayence est mort à la mi-septembre après avoir cessé de s'alimenter pendant 61 jours, seul moyen qu'il avait trouvé de mettre fin à ses jours. Il avait obtenu une décision de la Cour supérieure interdisant à ses médecins de le nourrir de force s'il devenait inconscient.

«Le niveau de soutien de 84% [envers l'aide médicale à mourir pour les malades en fin de vie], c'est beaucoup plus haut qu'avant. Ce soutien apparaît dans tous les groupes de Canadiens, même ceux qu'on croirait opposés - notamment les individus religieux», s'est réjoui le Dr James Downar. Il est porte-parole du groupe Dying with Dignity, qui a commandé le sondage.

L'appui à ces idées est relativement semblable dans les différentes provinces canadiennes. Ainsi 89% des Néo-Écossais et 87% des Britanno-Colombiens légaliseraient l'aide médicale à mourir pour les individus en fin de vie, contre 79% des résidants du Manitoba et de la Saskatchewan. Les Québécois se situent en milieu de peloton avec un appui de 84% à l'idée.

Le coup de sonde révèle aussi que l'appui à l'aide médicale à mourir reste constant, que le répondant soit handicapé (85%) ou pas (84%), qu'il soit vieux ou jeune ou qu'il connaisse personnellement une personne ayant souffert en mourant (85%) ou pas (83%). Les ruraux appuient autant l'idée que les urbains.

Dying with Dignity a salué l'adoption de la Loi concernant les soins de fin de vie (dite «Mourir dans la dignité») par l'Assemblée nationale en juin dernier, mais milite pour aller encore plus loin en autorisant le suicide assisté pour les individus atteints d'une maladie incurable ou gravement handicapés.

Ipsos affirme que son étude est «le sondage le plus complet jamais effectué au Canada sur cette question». Il relaie l'avis de plus de 2500 répondants, mais seulement 305 au Québec.

Selon Sean Simpson, porte-parole de la firme de sondage Ipsos, le fait que l'étude ait été commandée par un groupe d'intérêt ne change rien à sa solidité. «C'est notre nom qui est sur le sondage et on ne veut pas mettre en danger notre crédibilité, a-t-il plaidé. Nous prenons la décision ultime quant au libellé du questionnaire.»

Le sondage a été mené du 21 au 29 août dernier auprès d'un panel internet. Pour les données relatives à l'ensemble de la population canadienne, les données sont considérées comme fiables dans une marge de 2,2 points de pourcentage 19 fois sur 20.