C'est aujourd'hui que la Montréalaise d'origine vietnamienne Mai Duong recevra sa greffe de cellules souches, qui proviennent du sang de cordon ombilical. L'histoire de cette mère de famille atteinte d'une rechute de cancer a fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois et a permis de lever le voile sur une triste réalité: le fait que les donneurs de cellules souches issus des communautés culturelles sont sous-représentés dans les registres de donneurs. Dans l'entourage de Mai Duong, on est submergé de témoignages de gens vivant la même situation.

«Il y a vraiment plus de gens qu'on pense qui sont dans la même situation. Les gens nous contactent et nous racontent leur histoire. Il y en a beaucoup», affirme Christiane Rochon, qui coordonne la campagne Save Mai Duong.

Chez Héma-Québec, on mentionne que 107 personnes sont actuellement en attente de trouver un donneur compatible dans la province. De ce nombre, impossible de savoir combien sont issus des communautés culturelles.

Dans les registres de donneurs de cellules souches, à peine 1% sont issus des communautés culturelles. «Que ce soient les gens de race noire, asiatique, latino, les Indiens, les Pakistanais, les autochtones, les Sri Lankais... Tous sont représentés dans la même proportion, soit 1%, ce qui complique la recherche de donneur compatible», résume le porte-parole d'Héma-Québec, Laurent-Paul Ménard.

À la suite de la campagne menée autour du cas de Mai Duong, le nombre de donneurs issus de la communauté vietnamienne a bondi à 4%. «Mais il y a encore beaucoup de travail à faire. De toutes les personnes qui reçoivent leur trousse de frottis buccal, seulement le tiers nous la retournent. Il faut que les gens posent le geste jusqu'au bout», note M. Ménard.

Autre cas

La couleur de la peau ne garantit pas que la recherche d'un donneur de cellules souches compatible sera plus simple. À East Angus, en Estrie, le Québécois Marc-André Skelling, 23 ans, cherche lui aussi un donneur compatible depuis trois ans. Atteint de la maladie de Hodgkin, le jeune homme doit recevoir une greffe de cellules souches pour être sauvé.

«C'est plus compliqué dans le cas de Marc-André. Parce que je viens de la Beauce, mais son père vient du Royaume-Uni et a des origines irlandaises. On doit donc trouver un donneur avec ces origines», explique la mère de Marc-André, Muguette Skelling, qui invite les Québécois de 18 à 35 ans ayant des racines au Royaume-Uni et en Irlande à contacter Héma-Québec pour s'inscrire sur le registre des donneurs.

Le jeune Skelling subit des traitements de chimiothérapie en continu depuis presque trois ans. «Le temps commence à presser. Il y a une limite à ce que le corps peut endurer», note Mme Skelling.

Du côté de Mai Duong, les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie se déroulent depuis quelques jours afin de la préparer à la greffe d'aujourd'hui. Mai Duong est en isolement à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Selon Mme Rochon, Mai Duong est heureuse d'avoir attiré l'attention sur le problème du faible nombre de donneurs issus des communautés culturelles. «Quand on y pense, c'est épouvantable de dire qu'en 2014, parce qu'on n'est pas caucasien, on n'a pas les mêmes chances que les autres de survivre à un cancer. Il faut que ça change», martèle Mme Rochon.