Malgré la vaste campagne médiatique lancée cet été pour trouver un donneur de cellules souches compatible, la Montréalaise d'origine vietnamienne Mai Duong n'a pas trouvé la perle rare. Un échantillon compatible de sang de cordon ombilical a toutefois été repéré, et l'équipe de médecins traitants de la jeune femme se tourne maintenant vers ce «plan C».

«On a trouvé un donneur compatible pour le sang de cordon. Je suis contente. Mais c'est encore une très longue route. Je ne crierai pas victoire avant d'être complètement guérie», a déclaré hier matin Mai Duong, dans une conférence de presse chargée d'émotion.

«L'échantillon est de très bonne qualité», affirme la Dre Sandra Cohen, hématologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui estime que la greffe aura lieu dans les prochaines semaines.

Il y a deux mois, La Presse a révélé l'histoire de Mai Duong, jeune mère de 34 ans atteinte de leucémie. Après avoir subi une rechute de sa maladie en mai, Mai Duong a appris qu'elle devait subir une greffe de cellules souches pour survivre.

Mai Duong a subi des traitements de chimiothérapie cet été. Les cellules cancéreuses ont disparu. Malgré tout, le temps presse. «Le danger, c'est que la leucémie revienne. Et à ce moment, on ne sait pas si on sera encore capable de la vaincre. On a une petite fenêtre d'opportunité présentement, et on a décidé de la saisir», a indiqué le Dr Lambert Busque, hématologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et médecin traitant de Mai Duong.

La jeune femme sera hospitalisée d'ici une semaine. Elle devra ensuite subir à nouveau différents traitements de radiothérapie et de chimiothérapie avant la greffe. Les médecins ont expliqué hier qu'il est impossible de déterminer les chances de succès. «Ça dépend de plusieurs facteurs, dont l'âge du patient, sa maladie initiale, la qualité de l'échantillon...», a précisé la Dre Cohen.

Chanceuse malgré tout

L'histoire de Mai Duong a permis de mettre au jour une cruelle réalité: les citoyens non caucasiens ont bien moins de chances de trouver des donneurs de cellules souches compatibles, car les gens des communautés culturelles sont sous-représentés dans les registres de donneurs.

Parce qu'elle est de petite taille, Mai Duong a la chance de pouvoir recourir à une ultime option de traitement: la greffe de cellules souches de sang de cordon. «C'est le plan C. Une autre option disponible depuis quelques années seulement», a indiqué la Dre Cohen.

En effet, puisque la quantité de cellules souches dans les échantillons de sang de cordon est limitée, seules les personnes de petite taille, comme Mai Duong, peuvent y recourir.

«Je suis chanceuse. Je veux remercier ma donneuse, que je ne connais pas. Une maman quelque part a donné un second souffle à une autre maman», a dit Mai Duong, en ne pouvant contenir ses larmes.

Les prochaines semaines s'annoncent ardues pour la jeune femme. Après la greffe, elle devra rester en isolement pendant au moins six semaines, pour laisser le temps à son système immunitaire de se reconstruire.

«Pendant la première année, je serai très fragile, mentionne Mai Duong. Le moindre rhume pourra dégénérer rapidement. J'essaie de ne pas penser à tout ça. [...] Avoir trouvé un donneur de sang de cordon, c'est une belle nouvelle. Mais il y a encore beaucoup à faire.»

«Il faut continuer»

La campagne de recrutement de donneurs de cellules souches, lancée cet été par Mai Duong et son entourage, a permis de recruter 2000 nouveaux donneurs d'origine vietnamienne chez Héma-Québec. Un véritable succès. «Avant l'histoire de Mai, nous avions 1% de donneurs vietnamiens. On est maintenant à 4%. C'est bien. Mais il faut continuer, dit le porte-parole d'Héma-Québec, Laurent-Paul Ménard. Actuellement, 129 Québécois d'origine vietnamienne comme Mai Duong attendent de trouver un donneur compatible.» «Il faut que les gens continuent de donner. Et j'encourage aussi les nouvelles mamans à donner leur sang de cordon», ajoute Mai Duong. Pour plus d'information: www.hema-quebec.qc.ca