Des patients désespérés ont campé devant une clinique publique du centre-ville de Montréal dans la nuit de dimanche à hier, dans l'espoir d'obtenir enfin un médecin de famille... Hier matin, la réceptionniste du Centre médical Square Victoria, situé au Centre de commerce mondial, a eu un choc en voyant cette scène surréaliste à son arrivée au travail. «C'était la folie, explique la directrice du centre, Judith Bélanger. À 7h30, quatre personnes dormaient dans un sac de couchage à côté de la porte et une centaine d'autres faisaient la file dans le corridor.»

Il y a quelques jours, la directrice a lancé un appel à tous à la radio et dans La Presse, affirmant que les médecins de famille de sa clinique nouvellement rénovée n'avaient pas suffisamment de patients. Hier seulement, 500 nouveaux patients se sont enregistrés, en plus des 200 autres vendredi dernier. Plus de 2000 places sont encore disponibles. «On a été obligé d'arrêter les inscriptions pour la journée, parce que les patients malades avec un rendez-vous n'arrivaient plus à entrer», poursuit Judith Bélanger.

Devant tant d'enthousiasme, le Centre médical Square Victoria a dû s'organiser. Dorénavant, les nouveaux patients ne pourront s'inscrire que du lundi au mercredi entre 15h et 16h30, et le ratio sera de 50 par jour.

La directrice assure qu'elle garde de la place pour les patients prioritaires inscrits aux guichets d'accès pour les clientèles orphelines (GACO). Le CSSS Jeanne-Mance est en communication avec elle et lui transmettra les informations dès que possible.

La liste n'est pas une solution miracle

En voyant notre reportage vidéo samedi, de nombreux lecteurs de La Presse+ ont été scandalisés de voir que la liste des patients sans médecin de famille du gouvernement n'était pas transmise automatiquement aux nouvelles cliniques. Certains nous ont confié qu'ils attendaient depuis plus de trois ans.

«C'est clair que la liste GACO n'est pas une solution miracle, affirme le Dr Jacques Ricard, directeur des services généraux et des maladies chroniques à l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal. On a toujours dit que la priorité du GACO, c'était de donner un accès à un médecin de famille à la clientèle qui en a le plus besoin, aux patients vulnérables. Les gens en bonne santé peuvent rester sur la liste tout en cherchant aussi de leur côté.»

Le Dr Ricard, qui est l'un des instigateurs du guichet, croit que même s'il n'est pas parfait, le GACO est le meilleur moyen d'avoir un portrait concret des réels besoins en médecins de famille dans toutes les régions du Québec et d'harmoniser l'offre de service en conséquence.

À Montréal seulement, plus de 500 000 personnes n'ont toujours pas de médecin de famille.