Punir les médecins sous-performants. Implanter le financement à l'activité dans le réseau. Couper en santé publique... Dans un mémoire s'adressant à la commission Robillard de révision permanente des programmes, l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) formule 15 recommandations pour assurer la survie du réseau de la santé de la province. «On est devant un mur. Des choix politiques courageux devront être pris», estime la directrice générale de l'AQESSS, Diane Lavallée. Résumé des principales positions.

1. Mettre fin au gaspillage

«Le réseau gaspille entre 5 et 2,5 milliards par année en actes non nécessaires, en sous-efficience... Il faut mettre fin au gaspillage», estime Mme Lavallée. Pour ce faire, l'AQESSS souhaite confier à l'Institut national d'excellence en santé (INESSS) la mission de déterminer «tout ce qui devrait ou non se trouver dans le panier de services des Québécois». «Ça enlèverait toute forme de pression politique sur le financement des activités», explique Mme Lavallée. Celle-ci cite en exemple les tests Pap. «Des études ont prouvé qu'il est suffisant d'en passer un tous les trois ans. Pourquoi des médecins en font-ils encore passer deux fois par année à leur patiente?» Les médecins qui ne respecteraient pas les recommandations de l'INESSS ne seraient tout simplement pas payés pour ces actes. «Les médecins aussi doivent se préoccuper des coûts du système», dit Mme Lavallée.

2. Évaluer les médecins

Dans son rapport, l'AQESSS précise que depuis 2001, la rémunération totale des médecins a augmenté de 160% sans que cela ait un réel impact sur l'accès à leurs services ou sur leur productivité. Selon l'AQESSS, il est temps de faire comme l'Ontario et d'évaluer les médecins sur leurs performances. Par exemple, un médecin dont le patient malade chronique se retrouve aux urgences pourrait recevoir une pénalité financière pour n'avoir pas assuré son suivi. L'AQESSS estime également que le mode de rémunération des médecins devrait être revu pour permettre à la fois la rémunération à l'acte et par patient (soit une somme versée mensuellement aux médecins pour leur clientèle inscrite).

3. Éliminer les directions régionales de santé publique

Les agences de la santé du Québec dépensent chaque année 58 millions en santé publique. Au Québec, plus de 240 médecins travaillent dans ce secteur. Pour l'AQESSS, il faut éliminer les structures régionales de santé publique et rediriger les services vers la population. «Est-il vraiment nécessaire que toutes les régions établissent des directives pour combattre les punaises de lit ou envoient des messages en début d'été pour dire de se méfier des moustiques? Ne pourrait-on pas regrouper tout cela au niveau provincial et développer des programmes de proximité?», demande Mme Lavallée.

4. Intensifier la première ligne

L'AQESSS estime que les soins de première ligne - principalement pour les soins psychiatriques - aux malades chroniques et aux aînés ainsi que pour les soins palliatifs ne sont «pas encore pleinement développés» au Québec, ce qui coûte cher. «On n'a qu'à regarder nos urgences pour voir que plusieurs patients s'y retrouvent parce qu'ils ne sont pas pris en charge. Il faut redresser la situation», affirme Mme Lavallée.

5. Autres mesures

• Mieux encadrer les achats de médicaments.

• Sensibiliser la population, car plusieurs tests diagnostiques souvent non nécessaires sont tout de même réalisés à la demande des patients.

• Hausser la contribution des personnes de 65 ans et plus qui ne reçoivent pas de supplément de revenu garanti au Régime public d'assurance médicaments.

• Confier à l'INESSS la mission permanente d'évaluation des programmes.