De 3000 à 4000 femmes au Québec pourraient avoir eu un cancer du sein après des traitements hormonaux destinés à diminuer les symptômes de la ménopause. C'est ce que tentera de prouver le cabinet d'avocats Klein Lyons dans un recours collectif qui sera entendu en octobre prochain en Colombie-Britannique.

Environ 300 plaignantes d'un peu partout au Canada sont représentées par Dianna Stanway dans cette cause contre l'ancienne compagnie pharmaceutique Wyeth (racheté par Pfizer en 2009). Mme Stanway, une Britanno-Colombienne, soutient qu'elle a souffert d'un cancer en 2003 après avoir pris du Premarin pendant 8 ans. Le recours a été autorisé en 2011.

Pour le moment, une douzaine de Québécoises sont du nombre, mais Me David Klein, du cabinet Klein Lyons, espère que d'autres victimes se manifesteront.

Les experts de ce recours ont estimé que le traitement hormonal pourrait être la cause de plus de 12 000 cas de cancer du sein de 1994 à 2006 au Canada. «Le tiers des victimes sont québécoises, et nous savons que les ventes de ce traitement étaient très fortes au Québec», souligne Me Klein.

Premarin et Premplus étaient couramment prescrits comme thérapie hormonale de remplacement de 1977 à 2003 au Canada. Principalement composés d'oestrogène, ils visaient à réduire les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et les autres symptômes associés à la ménopause.

Pfizer fabrique toujours ce médicament, mais il n'est plus couvert par le régime général d'assurance médicaments du Québec depuis 2010. C'est également le cas en Ontario, au Yukon et en Nouvelle-Écosse, notamment. Pour en cesser le remboursement, la RAMQ a invoqué une demande de hausse de prix du fabricant largement supérieure au taux maximal permis.

L'étude Women's Health Initiative menée en 2002 aux États-Unis a établi un lien entre ces traitements et le cancer du sein. «Les ventes de ce traitement ont aussitôt chuté radicalement, et nos rapports d'experts démontrent que, dans les années qui ont suivi, on a constaté une diminution du nombre de cancers du sein partout dans le monde», affirme Me Klein.

Plus de 10 000 poursuites ont été intentées contre Wyeth aux États-Unis, et plusieurs plaignantes ont obtenu gain de cause. Selon le rapport annuel 2013 de Pfizer, l'entreprise a été condamnée à payer 1,7 milliard de dollars américains jusqu'à présent. Cette somme comprend 25 millions pour des causes toujours pendantes.

«Plusieurs risques sont associés au cancer du sein, mais la science ne peut établir le rôle précis que joue un facteur de risque ou une combinaison de facteurs pour chaque cancer du sein», avait déclaré Wyeth en 2010, après avoir remporté une victoire en Pennsylvanie.

Sur le site de la compagnie, on peut néanmoins lire à propos de Premarin qu'il augmente le risque de cancer du sein et des ovaires.

Jointe par La Presse, Pfizer n'a pas souhaité commenter les risques associés à ces traitements hormonaux en raison des poursuites en cours. «La Cour n'a pas statué sur le fond de la demande du groupe. Toutes les étapes du recours collectif en Colombie-Britannique à ce jour, y compris les décisions de l'autoriser, ne sont que des procédures, et les revendications du groupe n'ont pas été abordées», a fait savoir l'entreprise par courriel.