Près de 1400 embryons humains se trouvent au centre d'un conflit entre le ministère de la Santé et une clinique de fertilité quasi fermée qui se renvoient la balle quant à la responsabilité de leur déménagement.

La clinique de fertilité OriginElle, sur le boulevard Décarie, ne possède plus de permis de fonctionnement depuis la mi-juillet. Ses congélateurs contiennent toutefois un grand nombre d'embryons appartenant à 317 patientes, ainsi que 417 ovules.

Ce matin, à Montréal, la clinique tentera de convaincre un juge du Tribunal administratif du Québec (TAQ) de lui permettre de conserver les embryons et de lui rendre le droit de faire des fécondations in vitro.

Le gouvernement souhaite plutôt qu'OriginElle assume le coût de leur transfert vers des cliniques de fertilité qui possèdent un permis, afin que les femmes puissent y poursuivre leurs traitements.

Ce déménagement «pourrait prendre jusqu'à un an et coûter environ 100 000$», avertit la clinique dans un document judiciaire obtenu par La Presse. «Les ovules et les embryons de chaque patiente devront être transportés individuellement afin d'éviter toute confusion.»

La porte-parole de la clinique de fertilité, Annick Bélanger, a indiqué qu'en date d'hier trois embryons congelés avaient été transférés dans une autre clinique, à la demande de patientes.

Accusations de pressions

Le 18 juillet dernier, le gouvernement a forcé OriginElle à cesser l'essentiel de ses activités. La clinique n'a pas réussi à faire renouveler le permis de fonctionnement qu'elle possédait depuis trois ans.

Le problème: aucun hôpital n'acceptait de signer une entente avec la clinique afin de recevoir les cas de complications liées à la fécondation in vitro.

Le document judiciaire produit par OriginElle afin de contester le retrait de son permis révèle que deux hôpitaux se sont entendus avec la clinique au début juillet, avant de retirer leur aval à la dernière minute. Les avocats d'OriginElle soupçonnent le ministère de la Santé d'avoir fait «indûment» pression sur le Wakefield Memorial Hospital et l'Hôpital du Centre-de-la-Mauricie afin qu'ils renient leur parole.

Le juge administratif devra se pencher sur cette situation.

Patientes quadragénaires

Le document d'OriginElle révèle aussi l'importance des clientèles non traditionnelles chez cette clinique. Sur son site, la clinique affirme accepter des patientes refusées par d'autres médecins et donner une «seconde chance» à des couples qui ont déjà connu des échecs.

Parmi l'ensemble des patientes prêtes à commencer les traitements, «40% sont des femmes de 42 ans ou plus qui ne peuvent être traitées dans aucun autre centre avec leurs propres ovules, parce qu'OriginElle est le seul centre dans la province à accepter de les traiter», écrivent les avocats. Elles se verront «refuser un traitement auquel elles ont droit» même si «le passage du temps est critique dans leur cas».

Un autre 5% des patientes sont atteintes d'hépatite B ou C, des maladies qui leur ferment les portes de la majorité des cliniques de fertilité montréalaises.