Après le CUSM, au tour de l'Hôpital général juif de Montréal de se retrouver dans la ligne de mire de Québec à cause d'un déficit galopant de plusieurs millions de dollars. Le ministère de la Santé envisage des mesures «costaudes» pour redresser les finances de l'établissement, a appris La Presse, dont la possibilité d'imposer un accompagnateur. L'hôpital voit tous ses nouveaux projets de construction gelés jusqu'à nouvel ordre.

L'Hôpital général juif voit rouge, et Québec en a assez. Après avoir essuyé un déficit de près de 25 millions en 2011-2012 et un autre de près de 10 millions en 2012-2013, voilà que l'établissement montréalais a terminé la dernière année financière avec un trou de 15 millions, avons-nous appris. Et ce, même si le ministère de la Santé lui a donné 8 millions en sommes supplémentaires l'an dernier dans l'espoir de mettre un terme à la saignée. Les causes de ce déficit récurrent restent floues.

L'hôpital a proposé au moins deux plans de redressement budgétaires, qui ont chaque fois été rejetés parce qu'ils ne permettaient de revenir à l'équilibre. C'est sans compter que, comme le rapportait l'émission Enquête de Radio-Canada en avril, l'établissement fait l'objet d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) pour des affaires de facturation douteuse et de conflits d'intérêts en lien avec la construction d'un pavillon qui abritera les urgences et les unités de soins critiques. Deux cadres ont démissionné dans la controverse.

Avec le nouveau déficit cette année et dans un contexte de compressions budgétaires dans le réseau de la santé, c'en est trop. D'abord, tous les projets de construction qui ne sont pas encore amorcés sont suspendus.

Ensuite, le gouvernement annoncera dans les prochains jours des mesures de redressement «costaudes». Différents scénarios sont actuellement envisagés en haut lieu pour colmater la brèche.

L'imposition d'un accompagnateur, comme on l'a fait au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) en 2012 pour colmater un trou de plus de 100 millions, le pire gouffre de toute l'histoire du système de santé québécois, serait même sur la table.

Le directeur des ressources financières de l'hôpital, Laurent Ziri, assure que les mesures, quelles qu'elles soient, n'affecteront pas les services aux patients. «On va travailler conjointement avec le Ministère et l'agence de la santé de Montréal pour trouver des solutions, dit-il. Ce sera plus efficace que de travailler en vase clos.»

Selon M. Ziri, la construction du pavillon de soins critiques, dont l'ouverture est annoncée pour 2015, et les rénovations prévues à cause de la vétusté de certains bâtiments ne seront pas compromises. «C'est sûr qu'on a aussi des projets de modernisation de prévus. On verra si nos demandes sont acceptées par le Ministère, rendu là.»

Laurent Ziri évoque un mauvais partage de l'argent entre les différents hôpitaux pour expliquer le déficit. Il assure que les irrégularités sur lesquelles enquête l'UPAC n'ont eu aucune incidence sur le portefeuille de l'établissement.