Le coût réel des quatre grands projets d'hôpitaux universitaires à Montréal se chiffre aujourd'hui à 7 milliards, a appris La Presse, soit bien plus que les 5,2 milliards initialement annoncés par Philippe Couillard lorsqu'il était ministre de la Santé, en 2009.

«Il y a eu des petits ajouts aux projets au fil du temps. Comme des agrandissements», explique Martin Viau, directeur des communications au bureau de modernisation des centres hospitaliers universitaires de Montréal, qui confirme la validité des chiffres de La Presse.

Les données obtenues représentent les coûts réels du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), de son centre de recherche (CRCHUM), du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine.

Les chiffres sont bien plus élevés que ce qui circule normalement dans les médias. Par exemple, le CHUM parle toujours d'un projet de 1,973 milliard. Mais la facture totale s'élève plutôt à 3,090 milliards. «Il existe deux séries de coûts: la valeur actuelle nette et les coûts d'immobilisation», explique la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne.

Deux façons de calculer

Mme Dufresne précise que la somme de 1,973 milliard représente le «coût du contrat de partenariat public-privé (PPP) du CHUM, qui inclut la conception, la construction, le financement et l'entretien» du nouvel hôpital. Les coûts d'immobilisation sont exclus de ce calcul.

Les coûts d'immobilisation comprennent les coûts de construction, l'achat du terrain, la décontamination, l'expropriation, les frais de gestion et l'achat d'équipements comme les appareils médicaux.

Dans le cas du CRCHUM, la différence entre les deux prix est de 85,4 millions. Dans le cas du CUSM, la différence est de 1,06 milliard et dans le cas du CHUM, de 1,1 milliard.

Le directeur des affaires publiques du CUSM, Richard Fahey, précise qu'il ne faut pas comparer la valeur actuelle nette des projets à leur budget d'immobilisation. «Ce serait comme comparer des degrés Celsius à des Fahrenheit», dit-il.

M. Viau reconnaît toutefois que pour «le citoyen moyen», le coût réel des projets de CHU est plutôt celui des immobilisations. Pour les quatre grands hôpitaux universitaires montréalais, la facture totale est donc de 7 milliards, et non pas de 4,7 milliards si l'on compte seulement la valeur actuelle nette.

«Dès le début, il aurait été plus clair d'utiliser le budget d'immobilisation», dit M. Viau, qui tient toutefois à préciser que «depuis la signature des contrats, il n'y a eu aucun changement aux budgets autorisés».

Pierre J. Hamel, professeur à l'INRS et spécialiste des PPP, estime que la différence entre la valeur actuelle nette des projets et leur budget d'immobilisation est très grande.

«C'est difficile de croire que la différence entre les deux coûts soit si élevée. On parle de plusieurs centaines de millions de dollars que doivent payer les contribuables. Ce n'est pas rien!»

Dans un rapport spécial sur les CHU publié en 2010-2011, le vérificateur général du Québec notait que «les coûts d'immobilisation dépassent maintenant d'au moins 108,4 millions les 5,2 milliards annoncés en mars 2009, sans compter les révisions à venir». Aujourd'hui, le compteur est rendu à 7 milliards.