Passée inaperçue, une vaste étude de l'Institut national de la santé publique (INSPQ) met la Côte-Nord en garde contre les impacts possibles de l'exploitation de gisements d'uranium sur son territoire.

Le document souligne la nécessité d'explorer les répercussions de cette filière sur la santé des populations voisines des mines. Les conséquences de l'ouverture de mines sur le tissu social nord-côtier pourraient être importantes, poursuit le document.

« Il existe une possibilité que l'exploitation uranifère engendre une exposition supplémentaire [à la radioactivité] pour la population » avoisinante, conclut l'étude. « Cette dernière constatation renforce encore davantage l'importance de bien documenter les concentrations environnementales avant d'amorcer l'exploitation d'une mine d'uranium pour être en mesure de faire un suivi valable et rigoureux dans le temps. »

En entrevue téléphonique, l'un des auteurs de l'étude a indiqué que les données ne permettent pas d'établir de lien de cause à effet avec une maladie en particulier pour les populations de la région. La science a toutefois mis au jour une prévalence accrue du cancer du poumon chez « les travailleurs des mines [d'uranium] dans les anciennes conditions de travail », selon la Dre Agathe Croteau.

Pour la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, les conclusions de l'étude soulèvent assez de questions pour que le gouvernement du Québec maintienne son moratoire sur l'exploitation de l'uranium.

« Elle souligne également plusieurs lacunes dans la science et les connaissances qu'il faut aller combler », ajoute le porte-parole Ugo Lapointe.

Strateco, le principal acteur dans l'exploitation de la ressource au Québec, n'a pas rappelé La Presse, samedi. Ses projets dans la province sont paralysés par le moratoire.

L'étude a été menée par l'INSPQ à la demande de la santé publique dans la foulée d'un vif débat sur l'exploitation de l'uranium non loin de Sept-Îles. Plusieurs médecins de la région avaient menacé de démissionner en bloc si le gouvernement accordait les permis d'exploiter.

IMPACTS SOCIAUX ET RADIOACTIVITÉ

L'étude établit ses conclusions les plus tranchées sur l'impact d'une mine d'uranium sur la cohésion et la santé psychosociale des collectivités avoisinantes.

« Spécifiquement en lien avec les mines uranifères, de l'anxiété est ressentie par plusieurs types de personnes, et ce, en lien avec la radioactivité et ses effets [réels ou appréhendés] », affirme notamment l'étude scientifique. « Quant aux aspects de santé sociale, les mines uranifères paraissent directement associées à une altération du climat social et à une perte de confiance des citoyens envers les autorités. »

La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! s'inquiète aussi des conclusions d'ordre toxicologique de l'étude, qui conclut notamment qu'« environ 85 % de la radioactivité des minerais d'origine demeurent dans les résidus miniers ou les autres déchets » rejetés par l'exploitation. Le document estime aussi que « les mines d'uranium, même les plus modernes, ne sont pas à l'abri de défaillances ».