Le nombre d'infirmières en exercice au Québec augmente de manière constante, mais la pénurie demeure bien réelle.

Les données rendues publiques mercredi par l'Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) démontrent que le nombre d'infirmières a augmenté de 8,3% au cours des dix dernières années, passant de près de 62 800 à près de 68 000.

Cependant, le nombre de celles qui exercent dans le réseau public de la santé et des services sociaux s'est maintenu autour de 55 000 durant la même période, avec une légère augmentation, soit 56 000, durant les deux dernières années, alors que l'utilisation des services de santé était en hausse constante.

Conséquemment, le nombre d'heures supplémentaires effectuées par les infirmières, le baromètre de la pénurie en quelque sorte, a augmenté, passant de 3,9% du total des heures travaillées à 5,5%. Selon l'OIIQ, il faudrait entre 3000 et 4000 infirmières additionnelles pour combler la pénurie dans le réseau public.

L'Ordre se garde bien de blâmer qui que ce soit pour cette pénurie, mais certaines statistiques donnent des pistes d'explication.

Ainsi, on note que seulement la moitié des infirmières du réseau public occupent un emploi à temps plein, comparativement à 70% en Ontario, par exemple. Cette situation s'explique en partie par le refus de certains établissements d'augmenter le nombre de postes d'infirmières à temps plein et aussi par l'incapacité d'autres établissements, particulièrement en région, à combler des postes à temps plein affichés.

Par ailleurs, une proportion grandissante d'infirmières exercent ailleurs que dans le réseau public, soit dans le secteur privé ou en industrie. Cette proportion augmente à mesure que les infirmières prennent de l'expérience, une réalité qui se manifeste par le fait que plus de 95% des nouvelles diplômées sont recrutées par le réseau public alors que seulement 82% de celles qui sont entrées dans la profession il y a dix ans s'y trouvent encore.

En d'autres termes, il semble que la précarité pousse de nombreuses infirmières à délaisser le secteur public après un certain temps.

Les données de l'Ordre sont aussi porteuses d'espoir: les programmes d'études infirmières sont en effet bondés et refusent des candidates, de sorte que l'on prévoit un ajout de près de 3500 infirmières annuellement. Il s'agit d'une bonne nouvelle puisque ce nombre est de beaucoup supérieur aux départs prévus à la retraite, qui se chiffrent entre 2200 et 2400 par année.