Un pharmacien qui a reconnu avoir volé des narcotiques dans les stocks du CHUM et avoir travaillé dans cet hôpital sous l'effet de drogues vient d'être radié de son ordre professionnel pour un an et demi.

Marc-André Sauriol a travaillé à l'hôpital Saint-Luc pendant plusieurs mois tout en consommant des drogues achetées sur le marché noir, ainsi que de la méthadone que lui a un temps procurée son frère, selon la décision du conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens, publiée vendredi.

Plus tôt au cours des procédures, il avait admis souffrir d'«une forte dépendance à l'héroïne depuis le cégep, et ce, de façon intermittente depuis 2002».

Le pharmacien ne pratique plus depuis janvier 2013, date à laquelle il a été suspendu temporairement.

À l'automne 2012, le responsable de la pharmacie de Saint-Luc «constate des retraits de Dilaudid effectués par l'intimé au nom de patients qui ne recevaient pas ce médicament», relate la décision. Plus tard, M. Sauriol reconnaîtra avoir volé 20 ampoules d'hydromorphone - un dérivé de la morphine - à cette occasion.

À un moment où il «vivait des problèmes personnels», la «facilité d'accès des stupéfiants» serait devenue une «tentation», d'où le vol.

Comportements bizarres

La syndic de l'Ordre des pharmaciens a fait comparaître différents ex-collègues de travail de M. Sauriol devant le conseil de discipline. Ils ont raconté le brusque changement de comportement du pharmacien.

Une collègue a affirmé «avoir vu l'intimé tremblant, le regard fuyant, tenir les murs lorsqu'il marchait et porter des verres fumés lorsqu'il travaillait à son ordinateur». Un autre a déclaré l'avoir surpris «affaissé», «incapable de soutenir une conversation» sur son lieu de travail.

En janvier 2013, dans le cadre des procédures pour sa suspension temporaire immédiate, un collègue avait dit avoir vu Marc-André Sauriol travailler nu-pieds en plein centre hospitalier.

En ordonnant une radiation de 18 mois, le conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens a coupé la poire en deux.

La syndic demandait une suspension de deux ans, alors que l'avocate de Sauriol estimait que 12 mois seraient suffisants pour permettre à son client de se remettre sur pied et de tirer les leçons de sa conduite.

«Le passé de l'intimé, ses rechutes, son refus de l'aide qui lui a été offerte à plusieurs reprises et ses mensonges ou demi-vérités envers les professionnels aidants inquiètent les membres du Conseil», ont écrit les trois membres du conseil de discipline.

«Nous sommes présentement à prendre connaissance de la décision, a affirmé l'avocate du pharmacien, par courriel. Pour l'instant, M. Sauriol ne souhaite pas émettre de commentaires.»