Près d'une cinquantaine d'écoles primaires et secondaires du Québec enregistrent des concentrations de radon qui dépassent le seuil acceptable fixé par Santé Canada et devront apporter des correctifs d'ici les deux prochaines années.

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Il s'agit d'un portrait préliminaire compilé par La Presse à la suite d'une demande d'accès à l'information faite dans toutes les commissions scolaires de la province concernant le programme de dépistage du radon.

D'ici l'été 2014, toutes les écoles primaires et secondaires, tant privées que publiques, de même que les centres de formation professionnelle, auront été analysées dans le cadre d'un programme de dépistage piloté par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS).

Le radon est un gaz incolore, inodore et cancérigène qui se retrouve naturellement dans le sol. Santé Canada estime qu'il est responsable de 16% des cancers du poumon. C'est d'ailleurs la deuxième cause de ce type de cancer, après le tabagisme.

Prévention

Le dépistage du radon se veut une mesure préventive. Il n'est pas question de faire peur à la population, explique le Dr Jean-Claude Dessau, porte-parole du Comité intersectoriel québécois sur le radon et médecin-conseil à la Direction de santé publique des Laurentides.

«Nous souhaitons diminuer l'exposition cumulative des gens, que ce soit dans leur maison ou leur milieu de travail. Le milieu de l'éducation nous permet de rejoindre un maximum de personnes. De cette façon, on espère faire prendre conscience aux gens de ce qu'est le radon», explique le Dr Dessau.

Toutes les commissions scolaires ont l'obligation de procéder au dépistage du radon dans l'ensemble de leurs écoles d'ici juillet 2014. Dans la plupart d'entre elles, le processus est en cours ou terminé. Il ne reste qu'une poignée de commissions scolaires qui n'ont pas encore entrepris les démarches, ce qui devrait être fait au cours de l'hiver.

La compilation préliminaire effectuée par La Presse a permis de recenser 61 commissions scolaires. À ce jour, des concentrations supérieures à la ligne directrice de 200 becquerels par mètre cube (Bq/m3) ont été détectées dans 19 commissions scolaires. Le processus de dépistage et d'analyse est en cours dans 22 autres tandis que 19 autres commissions scolaires ne présentent pas de concentration de radon suffisantes pour être déclarées.

Les écoles qui présentent une concentration de radon se situant de 200 à 600 Bq/m3 doivent procéder à des correctifs au cours des deux prochaines années tandis que celles présentant un taux supérieur à 600 doivent entreprendre des travaux d'urgence dans la prochaine année.

«Dans une école, il peut y avoir une salle ou un bureau qui est soumis à un niveau élevé et le reste est normal», explique aussi le Dr Dessau. Les correctifs sont alors limités aux seuls locaux touchés.

Des régions plus touchées

La commission scolaire de Beauce-Etchemin est celle où le plus d'écoles (14) avec des concentrations élevées de radon ont été répertoriées à ce jour. Deux d'entre elles affichent des concentrations supérieures 600 Bq/m3, ce qui nécessite des correctifs dans l'année.

Les commissions scolaires des Chic-Chocs (5 écoles), de Kamouraska-Rivière-du-Loup (4), de l'Or-et-des-Bois (4) et des Bois-Francs (3) comptent aussi parmi celles qui sont les plus touchées.

Ces données correspondent sensiblement aux résultats d'une récente enquête menée dans les maisons par Santé Canada pour déterminer les régions où le radon semble plus présent.

Les commissions scolaires financent le programme de dépistage et les travaux correctifs à même l'enveloppe destinée au maintien des bâtiments. Cet automne, le MELS a toutefois dégagé une enveloppe de quelque 400 millions supplémentaires, dont

30 millions sont destinés à l'amélioration de la qualité de l'air dans les écoles, ce qui inclut les moisissures, l'amiante et le radon.

Services de garde

En plus des écoles, la santé publique s'intéresse aux services de garde. Des projets-pilotes ont été implantés dans quelques centres de la petite enfance (CPE) des Laurentides et de l'Outaouais.

Le processus est toutefois plus complexe, explique le Dr Dessau. «Probablement que nous allons recommander qu'éventuellement, le dépistage soit étendu à tous les services de garde, mais ce n'est pas facile», ajoute-t-il en faisant valoir que le réseau des services de garde est beaucoup moins uniformisé que celui de l'éducation, puisqu'on y retrouve à la fois des CPE, des garderies privées, subventionnées et non subventionnées, ainsi que des services de garde en milieu familial.

Le radon n'est pas nocif à petites doses. C'est l'exposition quotidiennement pendant plusieurs années qui peut s'avérer problématique. En plus des enfants, ce sont les enseignants et les autres travailleurs qui pourraient souffrir des effets nocifs du radon à long terme.

Il ne faut toutefois pas s'attendre à voir des travailleurs malades devant la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), comme c'est le cas avec l'amiante, croit le Dr Dessau.

«Sur la base populationnelle, on sait que le radon est une cause de cancer, hors de tout doute. Mais il n'existe pas de marqueur biologique pour un individu. Si une personne développe un cancer du poumon, on ne peut pas dire hors de tout doute que c'est à cause du radon», indique le Dr Dessau. Il précise aussi qu'il serait également difficile de déterminer si une personne a été exposée au radon au travail ou à la maison.

- Avec la collaboration de Serge Laplante