La pollution de l'air liée à la circulation routière présente de sérieux risques pour une grande partie de la population qui vit ou travaille près de routes occupées, affirment des chercheurs.

Un lien a été fait entre les émissions polluantes des tuyaux d'échappement et le développement de l'asthme chez les enfants et les adultes, dit un commentaire dans l'édition de lundi du journal de l'Association médicale canadienne.

Il est de plus démontré que les émissions augmentent le risque de maladies cardiaques et de pneumonie menant les aînés à l'hospitalisation, en plus de jouer un rôle dans la naissance d'enfants prématurés.

Les émissions des voitures et des camions contribuent aussi à la pollution atmosphérique, que le Centre international de recherche sur le cancer a classée la semaine dernière comme un agent cancérigène, pouvant mener au cancer du poumon.

«Ce sont des enjeux importants, car les cancers du poumon et les maladies cardiaques font beaucoup de morts au Canada», a affirmé Michael Brauer, un spécialiste de la santé environnementale de l'université de la Colombie-Britannique.

«Et nous savons que si les enfants sont nés prématurément ou à faible poids, cela peut avoir des conséquences sur toute leur vie, alors ils sont sujets à beaucoup d'autres problèmes de santé. Et l'asthme, spécialement chez les enfants, est une maladie chronique très importante.»

Environ 10 millions de Canadiens, soit 32 % de la population, vit à l'intérieur d'un rayon de 500 mètres d'une autoroute ou à 100 mètres d'une route urbaine importante, ce qui les expose à un niveau élevé de pollution automobile, a détaillé M. Brauer. Environ 21 000 morts prématurées par année au Canada seraient dues à la pollution de l'air.

Bien que les émissions polluantes des voitures ne soit pas le premier risque de maladies - la cigarette joue un bien plus grand rôle dans le développement du cancer du poumon, par exemple -, le fait que le tiers de la population y soit exposée les rendent très inquiétantes.

«C'est beaucoup plus facile d'éliminer les risques que de traiter 10 millions de personnes», a affirmé l'expert.

Michael Jerrett, le directeur du département des sciences environnementales à l'université de la Californie, a rapporté que plusieurs études ont fait le lien entre l'exposition à la pollution routière et l'augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, l'hypertension et le diabète.

Les preuves s'accumulent rapidement, croit-il.

M. Brauer et ses co-auteurs ont établi quatre stratégies avec des mesures à court et à long terme pour réduire les effets de la pollution émise par la circulation routière.

Parmi ces mesures, ils suggèrent notamment d'instaurer des programmes pour retirer ou modifier les véhicules à haut taux d'émissions polluantes et d'augmenter les infrastructures pour les voitures électriques, de limiter la présence de camions à certaines routes, et de bâtir les écoles, garderies et maisons de retraite à au moins 150 mètres des artères principales.

En Europe, soutient M. Brauer, environ 200 villes ont implanté un système de péage pour les zones les plus congestionnées des villes. À Londres, la congestion et la circulation routière a diminué de manière à faire gagner environ «183 ans de vie par 100 000 résidents à l'intérieur de la zone sur une période de plus de 10 ans».