Elles sont notamment plus méthodiques et passent plus de temps avec chaque patient. C'est ce que défend Valérie Martel, finissante à la maîtrise en administration des services de santé à l'Université de Montréal. Si les femmes font en moyenne 1000 actes médicaux de moins que leurs confrères par année, elles ne sont pas pour autant moins productives. Un patient mieux traité reviendra consulter moins souvent. Une approche qui a ses avantages.

Moins de patients, pour plus de qualité

Valérie Martel a suivi dans le cadre d'une recherche scientifique à l'Université de Montréal 870 médecins de famille québécois, dont la moitié sont des femmes. Ils ont traité tous des personnes âgées souffrant de diabète. Elle a remarqué que plus de femmes que d'hommes ont suivi les recommandations de l'Association canadienne du diabète, qui publie un guide clair des traitements prescrits pour la maladie. Par exemple, s'il est nécessaire qu'un patient passe un examen de la vue tous les deux ans, 75 % d'entre elles l'ont conseillé à leurs patients, contrairement à 70 % pour les hommes.

Plus productifs, les hommes?

La médecine se féminise, constate Valérie Martel, qui a commencé son doctorat en médecine à l'Université Laval. Dans ses cours de médecine, 60% de la population étudiante est formée de femmes. Au fil des ans, elle a lu de nombreuses études qui exposaient la crainte voulant qu'une proportion accrue de femmes médecins entraîne une diminution de la productivité en clinique et en milieu hospitalier. Il est vrai que les femmes font en moyenne moins d'actes médicaux par année que leurs confrères. Or, dit-elle, un patient qui est mieux suivi et dont le médecin applique à la lettre les recommandations de traitement devra consulter un médecin moins souvent. Au final, cela désengorge aussi le système de santé.

Une nouvelle dynamique

Si les hommes médecins font plus d'actes médicaux que les femmes au cours d'une année, cette différence est presque inexistante parmi la nouvelle génération de médecins. «Les jeunes médecins, hommes ou femmes, voient moins de patients que leurs prédécesseurs. C'est une différence générationnelle. Je crois que nous privilégions davantage le temps de qualité avec le patient, même si la pression du gouvernement est immense», explique Valérie Martel.

Un médecin âgé, dois-je m'inquiéter?

Non, pas du tout, nuance Valérie Martel. «Les résultats ne sont pas coupés au couteau. Au final, il faut se rappeler que nous avons étudié une population de médecins qui a traité une maladie bien précise. La médecine est plus complexe que cela et il faudrait d'autres études pour réellement conclure qu'un homme médecin est moins bon qu'une femme dans l'ensemble de sa pratique», dit-elle. À la lumière de cette étude, il ne faut pas hésiter à confier son dossier médical à un homme. Toutefois, croit Mme Martel, il est important de débattre sur la pertinence de pousser les médecins à augmenter le nombre d'actes. «Ce n'est pas un gage de qualité», dit-elle.