Il est faux de prétendre que les médecins spécialistes peinent à décrocher un emploi comme l'a fait le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (CRMCC), assure le docteur Gaétan Barrette.

Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a martelé que l'enquête réalisée par le CRMCC, dont les résultats ont été rendus publics jeudi, était carrément «de la foutaise».

«C'est gênant. Je suis gêné qu'une organisation comme le Collège royal, qui est censé être un château fort de la rigueur scientifique, publie un document comme celui-là. Je trouve ça indécent», a lancé l'ancien candidat de la Coalition avenir Québec.

Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a lui aussi sérieusement remis en question les conclusions du sondage. Selon celui-ci, 7,7 pour cent des nouveaux médecins spécialistes au Québec - et 16 pour cent au Canada - éprouveraient de la difficulté à trouver un emploi.

«Si vous en connaissez un, dites-lui de s'adresser à moi et on va lui trouver une «job», a lancé le ministre, précisant qu'à sa connaissance, «aucun médecin au Québec n'est en chômage actuellement».

«On a 693 postes ouverts en spécialité et il y a 400 finissants qui terminent en spécialité. Alors on a des postes qui ne seront pas comblés en juillet», a-t-il plaidé.

Le ministre a également fait savoir que s'il est vrai que le recrutement a atteint un «point d'équilibre» dans quatre spécialités - cardiologie, chirurgie orthopédique, chirurgie cardiaque et radio-oncologie -, les besoins demeurent importants dans toutes les autres.

Mais d'une façon comme d'une autre, il faut faire la différence entre des postes non comblés et du chômage, a insisté le docteur Barrette. «Du chômage, ça veut dire qu'il y a trop de postulants pour les postes disponibles. Ce n'est pas ça la situation», a-t-il dit.

Le ministre Hébert et le président de FMSQ participaient tous deux vendredi à la Journée carrière de la FMSQ, à Montréal.

La vaste salle du Palais des congrès fourmillait d'activité, et à tous les stands, on rivalisait d'ingéniosité pour tenter de séduire les futurs médecins spécialistes et omnipraticiens - que ce soit en leur offrant des «cupcakes» ou en leur vantant les paysages bucoliques de la région.

Les données fournies aux différents stands de la plupart des régions au chapitre de la pénurie de main-d'oeuvre donnent raison au ministre de la Santé: des postes, il y en a. Et des candidats, il en manque.

Du côté de la Côte-Nord, selon les données du mois de septembre, 34 postes de spécialistes étaient à combler. Au Bas-Saint-Laurent, ce sont 47 médecins que l'on recherche.

Et c'est sans parler des quelque 120 médecins - ou plus - que le docteur Bernard Bissonnette, chef du département régional de médecine générale des Laurentides, aimerait bien voir débarquer dans sa région.

Car les régions «éloignées» ne sont en effet pas les seules à être en manque de médecins.

«Cette année, les régions en périphérie de la région de Montréal, plus particulièrement la Montérégie, Lanaudière et les Laurentides, connaîtront les hausses de recrutement autorisé les plus marquées, étant donné leur forte croissance démographique», a exposé Réjean Hébert.

C'est justement l'éloignement qui explique, en grande partie, le soi-disant «chômage» des médecins spécialistes.

À la page 52 de l'étude du CRMCC, on constate qu'environ 88% des médecins spécialistes qui disaient être à la recherche d'un emploi évoquaient un argument relié à l'éloignement: désir de rester proche de la famille (38,8 pour cent), pas envie de déménager (20,4%) ou tout simplement refus d'habiter en région rurale ou éloignée (28,6%).

«Ce que ça me dit, c'est que ces gens-là ont choisi la mauvaise formation. Si on va en médecine et qu'on refuse de soigner du monde parce qu'ils sont en région... peut-être qu'ils auraient dû choisir (une autre carrière», a commenté Gaétan Barrette.

Pour en venir à ses conclusions, le CRMCC a transmis un questionnaire et réalisé des entrevues avec de nouveaux médecins spécialistes sur une période de deux ans.

Le taux de participation a été d'à peine 32%, ce qui remet sérieusement en doute la crédibilité de l'étude, a-t-on fait remarquer du côté du ministère de la Santé.