Bien que l'on parle souvent des difficultés d'avoir accès à un médecin, 16% des nouveaux médecins spécialistes au Canada affirment éprouver de la difficulté à trouver un emploi.

Au Québec cependant, la situation est moins problématique, puisque 7,7% des nouveaux spécialistes ont ainsi affirmé éprouver de la difficulté à décrocher un poste, en 2011 et 2012. Parmi eux, 42% prévoyaient toutefois suivre une formation complémentaire.

L'information provient d'une enquête réalisée par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, qui a transmis un questionnaire et réalisé des entrevues avec de nouveaux médecins spécialistes sur une période de deux ans. L'invitation a été lancée à 4233 nouveaux spécialistes et 1371 ont accepté de participer à l'étude.

Au Canada, ce sont ainsi 16% des nouveaux médecins spécialistes et surspécialistes qui ont rapporté être incapables de trouver un emploi. La tendance est particulièrement marquée dans les disciplines chirurgicales et les disciplines qui nécessitent des ressources importantes, comme les soins intensifs, la gastroentérologie, la chirurgie générale, la neurochirurgie, l'hématologie, la microbiologie médicale, la médecine nucléaire, la radio-oncologie, l'urologie et l'ophtalmologie.

Chercheuse principale de l'étude, Danielle Fréchette s'inquiète du fait qu'avec des listes d'attente si longues pour des médecins spécialistes, certains d'entre eux sont malgré tout à la recherche d'un poste. «Pour nous, un neurochirurgien ou n'importe quel autre médecin spécialiste qui est sans emploi est problématique quand on pense aux listes d'attente des patients. Comment est-ce qu'on peut s'organiser pour répondre à leurs besoins?» demande-t-elle.

L'étude avance différentes hypothèses pour expliquer cette contradiction apparente, la plus sérieuse étant les restrictions budgétaires. Ainsi, ces compressions budgétaires entraînent une diminution du temps d'utilisation des salles d'opération, par exemple, ou une fermeture de lits, qui entraîne à son tour un nombre moindre de postes à combler dans les hôpitaux.

«Il faut penser aux patients et aux listes d'attente que subissent ces patients. Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas arrimer la production du système de formation avec les ressources qui sont disponibles et arrimer les ressources avec les besoins de la population?» demande Mme Fréchette.

Ainsi, d'autres causes sont avancées, comme l'organisation du système de santé, l'organisation de la formation des médecins, un manque de planification et même le marché boursier, qui fait que des départs à la retraite de médecins sont différés.

De même, au pays, un peu moins de 20% des médecins et chirurgiens spécialistes qui ont récemment reçu leur certificat, mais qui n'avaient pas encore d'emploi au moment de l'enquête, ont affirmé qu'ils seraient prêts à chercher un poste à l'extérieur du Canada.

«Il n'y a pas de réponse simple» à ces problèmes d'arrimage et d'adéquation entre les différents besoins, croit la chercheuse.

Mme Fréchette ajoute qu'il faudrait «une meilleure collecte de données» sur ces questions, plus complexes qu'il n'y paraît de prime abord.

Le Collège tiendra d'ailleurs un sommet où cette question sera abordée, en février prochain.