Le portrait de la pratique médicale se précise depuis quelques années: il n'y a jamais eu autant de femmes, autant de médecins par habitant, autant de diplômés sortant des facultés de médecine et leur rémunération n'a jamais été aussi élevée.

C'est le constat de l'Institut canadien d'information sur la santé qui brosse un portrait de la médecine au pays dans un rapport qui vient d'être rendu public.

Le nombre de médecins a augmenté de 4% au cours de la dernière année dans l'ensemble du pays.

Au Québec, la hausse a été de 3%. «C'est trois fois l'augmentation de la population québécoise pour la même période», souligne le porte-parole de l'ICIS, Érik Bourdon.

Le Québec est l'une des provinces qui comptent le plus de médecins par habitant, avec un ratio de 235 par 100 000 habitants. Dans l'ensemble du pays, le ratio moyen est de 214 médecins par 100 000 habitants.

Ce ratio augmente constamment depuis 2007. Et il ne semble pas près de diminuer puisqu'un nombre toujours plus élevé de diplômés sortent des facultés de médecine.

Dans les années 1980, le nombre de diplômés était relativement stable avec une moyenne de 600 par année au Québec, explique M. Bourdon. Le nombre de nouveaux médecins a ensuite chuté dans les années 1990, notamment avec le contingentement des facultés de médecine, pour atteindre un creux en 2001, avec seulement 437 diplômés cette année-là.

«Avec 832 diplômés cette année (en 2012), on atteint un nouveau sommet», ajoute M. Bourdon.

Pourtant, près d'un Québécois sur quatre n'a toujours pas de médecin de famille. Le nombre de médecins varie d'une région à l'autre, explique M. Bourdon.

«Au cours des dix dernières années, on a mis beaucoup d'emphase sur le nombre de médecins. Dans les années à venir, il faudra se préoccuper encore davantage de la distribution.»

Sur cette question, le rapport de l'ICIS montre qu'il y a du progrès, tant au Québec qu'à l'échelle du pays. Les gouvernements ont mis plusieurs mesures en place pour attirer les médecins à l'extérieur des grands centres.  Désormais, au Québec, la proportion de médecins qui travaillent en milieu rural est d'environ 16%.

Les données confirment aussi la tendance des dernières années : les femmes comptent pour près de la moitié des médecins (44%) et elles optent davantage pour la médecine de famille.

L'âge moyen des médecins se situe à 50 ans et les jeunes ont tendance, de façon générale, à modifier leur horaire de travail. «Ils mettent plus d'emphase sur l'équilibre de vie entre la famille et le travail», dit M. Bourdon.

Quant à la rémunération, le rapport indique que les médecins sont de moins en moins payés avec une rémunération à l'acte.

Les médecins reçoivent des montants forfaitaires, des primes de rétention ou de recrutement qui comptent pour une part importante de leur rémunération.

«On voit qu'il y a une nette croissance depuis quelques années», note M. Bourdon. Au Québec, cette part est passée de 16 à 24% en une décennie. Au Canada, elle représente près du tiers de la rémunération actuelle comparativement à 10% à peine il y a dix ans.

«En résumé, il y a plus de médecins que jamais et ça va continuer d'augmenter. Il tend aussi à y avoir plus de médecins en milieu rural et de plus en plus d'autres modes de paiement. Ce sont les points-clés du rapport», précise M. Bourdon.