Soins à domicile pour les personnes âgées, intrusion du privé en santé, loi sur le tabac: l'automne s'annonce chaud en santé. À l'aube de la rentrée parlementaire, nous avons rencontré le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, pour faire le point.

Le «glissement vers le privé» doit prendre fin. Qu'il s'agisse d'échographies, d'avortements ou de fécondation in vitro, entre autres, les médecins seront mis à contribution dans les hôpitaux avant de travailler dans les cliniques privées.

C'est ce qu'a affirmé le ministre de la Santé, Réjean Hébert, au cours d'un tête-à-tête avec La Presse. Il faut «colmater les brèches» ouvertes au cours des dernières années, a-t-il dit.

Il existe «certains effets pervers qui vont inciter les professionnels à pratiquer dans le privé plutôt que dans le public. La rémunération, entre autres», a reconnu le ministre.

Il cite ainsi les interruptions volontaires de grossesse, où la tendance est d'aller vers le privé, même s'il n'y a pas de liste d'attente dans le réseau public.

En ce qui concerne les échographies, un projet est sur la table pour que l'État assume, lorsque l'attente au public est trop longue, le coût de l'examen au privé. Le ministre croit toutefois qu'avec certains ajustements, les cas seront beaucoup plus rares qu'on ne le pensait.

«On est capable d'augmenter la capacité du réseau. Il y a des choses simples qu'on est capable de faire», a-t-il souligné, en ajoutant qu'il suffit parfois d'acheter un échographe à 150 000$ dans un hôpital.

De plus en plus, les patients se tournent vers les cliniques privées pour des prélèvements sanguins, des tests de laboratoire, des tests d'imagerie ou des interventions chirurgicales mineures. Ce sont souvent leurs médecins, dans le réseau public, qui les envoient au privé.

«Ce n'est pas éthique dans un système de santé comme le nôtre qu'un professionnel réfère au privé», a déclaré M. Hébert, en ajoutant qu'un marché lucratif s'est créé au Québec et qu'il faut «colmater les brèches».

Il cite en exemple l'entente qui avait cours depuis 2008 entre la clinique médicale Rockland et l'hôpital du Sacré-Coeur. Le contrat ne sera pas renouvelé. D'ici septembre 2014, les 2000 interventions chirurgicales faites au privé devront toutes être rapatriées dans le réseau public.

Même chose en ce qui concerne le programme de procréation assistée. Le ministre souhaite que les cycles de fécondation in vitro soient d'abord faits dans les cliniques des hôpitaux plutôt qu'au privé. Il espère toujours l'ouverture de centres à Québec et à Sherbrooke.

Des personnes âgées à la maison

D'ici Noël, le ministre doit par ailleurs déposer son projet de loi sur l'assurance autonomie, assorti d'une politique nationale de soutien à l'autonomie.

La question du financement de cette assurance autonomie figurera au coeur des débats lors de la commission parlementaire. Le livre blanc déposé à la fin du printemps propose que le gouvernement renfloue la caisse d'année en année ou qu'il prévoie une contribution spécifique des contribuables.

Cette taxe semble la voie privilégiée par le ministre, mais il n'a pas l'intention d'imposer son point de vue. «Ce qui serait logique, c'est qu'on puisse trouver une forme de financement alternatif pour capitaliser et prévoir le futur. La logique voudrait cela, mais est-ce que les Québécois vont vouloir faire cela?», a demandé le ministre en précisant qu'il respectera ce que lui diront les groupes en commission parlementaire.

Les groupes de médecine de famille

Le ministre déposera d'ici novembre le nouveau cadre de gestion des Groupes de médecine de famille (GMF). Le Ministère a constaté que près de la moitié d'entre eux ne respectaient pas leur entente. Ils recevaient le financement, mais avaient moins de patients que prévu ou limitaient les heures d'ouverture. «Ça ne marche pas, a déclaré le ministre. Il faut mettre un palier à 6000 [patients] avec un peu moins de financement, mais exiger que les GMF atteignent ce palier.»

Nouveaux actes des pharmaciens

Le ministre souhaite une entente avec les pharmaciens, «mais pas à n'importe quel prix». Initialement prévue pour le 3 septembre, l'entrée en vigueur des sept nouveaux actes autorisés a été repoussée et les parties négocient toujours. M. Hébert espère toujours en arriver à une entente cet automne, mais rappelle que les demandes des pharmaciens ont des répercussions sur les autres secteurs de la santé. «Je ne prendrai pas 100 millions des soins à domicile pour les envoyer aux pharmaciens.»

Politique nationale de prévention

Le ministre de la Santé déposera cet automne un avant-projet de loi en vue d'une politique nationale de prévention. Cette politique impliquera plusieurs 

ministères et se penchera autant sur la lutte contre la pauvreté que sur le transport actif, la saine alimentation et la pratique d'activités physiques. Québec doit aussi revoir, dans le cadre de cette politique, la Loi sur le tabac.

L'assurance autonomie

Le Québec est au deuxième rang, derrière le Japon, des États où la population vieillit le plus rapidement.

Le ministre veut faire passer de 15 à 45% les besoins en matière de soins à domicile payés par l'État.

En 2021, une personne sur cinq aura plus de 65 ans.