Si vous rêvez d'un foie de veau poêlé, vous risquez de rester sur votre faim. Dans l'un des principaux abattoirs du Québec, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a détecté un antibiotique non homologué dans des échantillons de veau, a appris La Presse. Conséquence: plusieurs boucheries sont en rupture de stock de foie de veau.

Des résidus de doxycycline ont été trouvés dans «des reins de veau» prélevés «à l'abattoir Écolait» de Terrebonne, a confirmé Elena Koutsavakis, porte-parole de l'ACIA.

La doxycycline est utilisée en médecine humaine pour traiter des infections des voies respiratoires, du système gastro-intestinal, de la peau, etc. Cet antibiotique est «non homologué pour usage chez les animaux destinés à l'alimentation au Canada», a précisé la porte-parole.

«À partir de ces résultats, l'ACIA a déterminé que des foies de veau pourraient contenir des résidus de doxycycline», a indiqué Mme Koutsavakis. Le 25 juillet, l'Agence fédérale a demandé à Écolait de mettre en place un plan d'action pour prévenir la distribution de produits contaminés.

Insatisfaite des mesures proposées par l'abattoir, l'ACIA a décidé le 9 août de «mettre sous détention» tous les foies des veaux abattus dans cet établissement, les reins étant pour leur part carrément rejetés.

Depuis, Écolait doit faire vérifier ses foies de veau par un laboratoire reconnu par l'Agence. «Lorsque les résultats sont conformes, le produit est libéré et mis en marché», a expliqué Mme Koutsavakis. S'ils sont contaminés, «le produit est retiré de la chaîne de production alimentaire», a-t-elle précisé. L'ACIA n'a pu chiffrer, hier, le nombre de foies et de reins jetés.

Pénurie dans les boucheries

À la boucherie du marché Saint-Jacques, à Montréal, il n'y a plus de foie de veau depuis trois semaines. «On en commande, mais on n'en reçoit pas, a dit hier Bernard Limoges, boucher. Je me croise les doigts pour en avoir cette semaine.»

Même constat à la Galerie des viandes de Brossard. «On n'a pas de foie de veau du tout, du tout de la part des fournisseurs», a indiqué la semaine dernière le copropriétaire Stéphane Bédard.

«Tout est normal»

Fait troublant, Arthur Batista, directeur des ventes d'Écolait, a dit à La Presse qu'il n'y avait «pas de problèmes» à l'abattoir, lors d'une entrevue accordée le 4 septembre.

«Tout est normal, a-t-il assuré. L'automne arrive, la demande est toujours plus forte pour le foie. Et un veau, c'est 200 livres de viande pour un foie. Une boucherie qui commande une demi-fesse voudrait 10 foies, ce n'est pas possible.»

M. Batista n'a pas rappelé La Presse, hier.

Écolait est l'un des «deux abattoirs de veau d'importance au Québec», a précisé Sonia Dumont, responsable des communications de la Fédération de producteurs de bovins du Québec. En partenariat avec 150 éleveurs, Écolait produit 80 000 veaux de lait par an, «soit 12 000 tonnes de viande», selon son site internet.

L'ACIA «continue à surveiller l'efficacité des mesures de contrôle» d'Écolait, a assuré Mme Koutsavakis.

E. coli à Toronto

Il est à noter que le 9 août, l'ACIA a également procédé à un rappel de foie de veau n'ayant rien à voir avec Écolait. Produit par White Veal Meat Packers de Toronto, le foie rappelé pourrait être contaminé par la bactérie E. coli 0157: H7.

Au Québec, il a été vendu dans les boucheries Al Khair et Les Caprices d'Al-Adhba de LaSalle, Laval et Montréal entre le 31 juillet et le 9 août.