Aujourd'hui, vous pouvez manger un grand Blizzard aux Rolo de Dairy Queen - fournissant 1350 calories, dont 470 provenant des matières grasses - à la santé des... enfants malades.

Au Québec, les recettes des ventes de Blizzard seront remises à Opération Enfant Soleil, dans le cadre du Miracle Treat Day ou Journée Déli-don. Un partenariat «obscènement hypocrite», selon le Dr Yoni Freedhoff, médecin spécialiste de l'obésité à Ottawa.

«Ensemble, nous pouvons fournir espoir et guérison aux enfants malades de votre région», peut-on lire sur le site internet de Dairy Queen.

Le Dr Freedhoff comprend le glacier de s'associer à cette bonne cause, puisque c'est «pleinement sensé sur le plan des affaires». Mais il dénonce les hôpitaux «qui estiment que l'argent amassé justifie la normalisation additionnelle de la consommation de ces bombes de sucre». Un grand Blizzard aux Rolo contient 41 cuillerées à thé de sucre, calcule-t-il sur son blogue Weighty Matters. Même un Blizzard de format moyen contient facilement 800 calories et plus d'une demi-tasse de sucre.

L'an dernier, le Déli-don a permis de récolter plus de 51 000$ pour les enfants malades du Québec, ce qui signifie que bien des Blizzard ont été mangés avec la conscience en paix. Partout en Amérique du Nord, plus de 5 millions sont amassés lors du Miracle Treat Day.

Dairy Queen se défend

L'objection du Dr Freedhoff a heurté Dean A. Peters, vice-président aux communications de l'American Dairy Queen Corporation. «Le Déli-don n'a rien à voir avec la surconsommation ou le fait d'encourager les Canadiens ou les Américains à manger un Blizzard tous les jours, a-t-il indiqué hier à La Presse. Il s'agit d'aider des enfants malades et hospitalisés. Les clients ne sont même pas obligés d'acheter un Blizzard, ils peuvent simplement arrêter au Dairy Queen près de chez eux et faire un don qui ira au Children's Miracle Network Hospital.» C'est cet organisme qui redistribue ensuite l'argent dans des hôpitaux pédiatriques - à Opération Enfant Soleil, dans le cas du Québec.

«C'est sûr que ni les hôpitaux ni notre organisme n'encouragent la malbouffe, a fait valoir Ginette Charest, présidente-directrice générale d'Opération Enfant Soleil. D'un autre côté, on est conscient que les adultes comme les enfants ont des besoins ludiques. Tout le monde mange du chocolat, des bonbons. Très honnêtement, si on applique une ligne très, très dure, il n'y aura plus d'argent pour les hôpitaux.» Seuls les dons des cigarettiers sont refusés par Opération Enfant Soleil.

Les gâteries s'additionnent

«Les hôpitaux ont besoin d'argent pour financer les soins et la recherche, a convenu Bernard Lavallée, nutritionniste chez Extenso, le Centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal. Ils doivent aller chercher cet argent quelque part et les compagnies privées en ont beaucoup. En tant que nutritionniste, je ne recommande pas de manger des desserts glacés de façon habituelle. Ce sont des desserts très gras, sucrés et riches en calories. Cependant, tous les aliments font partie d'une alimentation équilibrée, même ces desserts glacés. En manger à l'occasion est tout à fait correct.»

«L'argument «c'est juste une fois» est utilisé pratiquement tous les jours, a répliqué le Dr Freedhoff. C'est juste une journée pizza par semaine, juste une fête d'anniversaire à l'école, juste un Blizzard. Mais toutes ces seules fois s'additionnent. Quand il y a des occasions tous les jours, ce n'est plus juste une fois.»