Opposés à ce qu'ils jugent une ouverture inacceptable à l'euthanasie, des médecins spécialisés dans les soins palliatifs envisagent un recours juridique pour contrecarrer le projet de loi déposé mercredi à l'Assemblée nationale, par la ministre Véronique Hivon.

Le projet de loi 52 (PDF)

«Des médecins envisagent des recours légaux» dira sans détour à La Presse Patrick Vinay, jusqu'à tout récemment directeur des services palliatifs à l'hôpital Notre-Dame. 

À une seule exception, tous les médecins spécialisés en soins palliatifs sont venus dire aux élus qu'un tel projet de loi était inutile, a rappelé le Dr Vinay. «Dans un monde où on est de plus en plus solitaire, où on se sent coupable de faire appel à nos enfants, on va faire face à une épidémie de demandes», lance le médecin.

Projet de loi 52

Issu des conclusions d'une commission parlementaire qui est parvenue à une rare unanimité des partis, le projet de loi 52 «concernant les soins de fin de vie», propose comme prévu que dans certaines circonstances étroitement balisées, un malade puisse réclamer l'assistance de son médecin pour mettre fin à ses souffrances.

Déposé hier, le projet de loi sera débattu et adopté à l'automne, espère Mme Hivon. On y encadre aussi le recours à la «sédation palliative», une pratique courante actuellement dans les hôpitaux au Québec, mais qui était utilisée actuellement «sans règles particulières, ni pour le protocole ni pour le consentement», a expliqué hier la ministre Hivon.

Le Québec ne prône pas, insiste-t-elle, le suicide assisté, accepté dans quelques États américains où on procure au patient les informations et même les substances qui permettent de mettre fin à ses jours.

Pour le chef libéral, le Dr Philippe Couillard, les députés libéraux pourront voter selon leur conscience sur ce projet de loi, «il y a une diversité d'opinion à l'intérieur du caucus, cela reflète ce qu'on voit dans la société», a-t-il dit.

«Il y a un principe au Québec, les gens devraient pouvoir disposer de leur futur, observe François Legault, chef de la CAQ. Mais il y a beaucoup de chemin à faire pour passer des principes aux actions» dit-il.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard et de Paul Journet