Le Québec est la seule province canadienne où le baccalauréat n'est pas obligatoire chez les infirmières, mais son implantation est loin de faire l'unanimité. Alors que le ministère de la Santé pilote depuis plusieurs mois un comité pour examiner la faisabilité du projet, deux groupes qui en font partie ont fait une sortie publique, ce matin, pour se prononcer contre.

La Fédération interprofessionnelle de la Santé (FIQ), le syndicat qui présente la majorité des infirmières au Québec, et la Fédération des cégeps estiment que l'obligation d'avoir une formation universitaire viendrait fragiliser le réseau de la santé, en plus de réduire l'accès à la profession.

C'est l'Ordre des infirmières du Québec qui milite depuis un an pour que le baccalauréat devienne obligatoire.

« C'est un projet téméraire et complètement irréaliste surtout s'il commence en 2014 comme le demande l'Ordre», a déclaré la présidente de la FIQ, Régine Laurent. « Dans les cinq prochaines années, c'est près de 15 000 infirmières qui vont prendre leur retraite. Ça va venir accentuer la pénurie si on perd deux cohortes.»

La fédération des cégeps du Québec a mené un sondage auprès 3100 des 10 000 étudiantes en soins infirmiers et 73% d'entre elles sont contre l'idée d'un baccalauréat obligatoire tandis que 42% n'auraient pas choisi la profession si le baccalauréat avait été obligatoire.

La FIQ et la fédération des cégeps proposent cependant une amélioration de la formation collégiale.

La présidente-directrice générale de l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec, Lucie Tremblay, s'est dite surprise par la sortie de la FIQ et de la fédération des cégeps. « Toutes les études montrent que les cas se complexifient et se chronicisent alors qu'au Québec, les infirmières ont en moyenne 2500 heures de formation de moins que leurs homologues dans les autres provinces», a-t-elle déclaré.

Le comité sur le bac obligatoire chez les infirmières devrait rendre ses recommandations cet automne.