Santé Canada autorise du bout des lèvres les homosexuels à donner du sang. En effet, ceux qui n'auront pas eu de relation sexuelle depuis cinq ans seront désormais admissibles à compter du 22 juillet. Une façon d'aller chercher 1000 nouveaux donneurs, selon les estimations d'Héma-Québec. Un changement « mineur » qui laisse perplexe toutefois le président de Gai Écoute.

Depuis 1983, il était interdit à un homme ayant eu une relation sexuelle avec un homme de donner du sang. Ce changement dans la réglementation était une demande d'Héma-Québec, et de la Société canadienne du sang.

« On ne parle pas d'une levée de l'interdiction. Les hommes gais actifs continuent de subir l'interdiction », a précisé cependant le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales à Héma-Québec, lors d'une conférence téléphonique.

« Les données scientifiques récentes et les progrès accomplis en matière de sécurité transfusionnelle permettent aujourd'hui de revoir la politique d'interdiction appliquée aux hommes ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme. Un tel changement est scientifiquement justifié et ne met aucunement en péril le très haut niveau de sécurité des produits sanguins », indique par communiqué le Dr Marc Germain.

Selon Héma-Québec, l'interdiction temporaire de cinq ans est justifiée chez les hommes gais actifs. Pourquoi ? « Parce que la prévalence du VIH se situe à plus de 10 % chez ce groupe par rapport à moins de 1 % chez les hétérosexuels ou les lesbiennes », dit-on dans le communiqué.

D'après les estimations d'Héma-Québec, c'est entre 28 000 et 30 000 hommes qui pourraient devenir admissibles grâce à cette modification. « Ce n'est pas tout le monde qui donne du sang. On estime que c'est entre 3 à 5 % de la population par année, dit-il. Mais, on pense être en mesure d'aller chercher 1000 nouveaux donneurs de plus par année avec cette nouvelle politique », espère le Dr Marc Germain, se référant entre autres à des études sur les habitudes sexuelles de la population.

Une question morale

Pour le président de Gai Écoute, Laurent McCutcheon, ce n'est pas tous les homosexuels qui ont des comportements à risque. « La question que Santé Canada devrait poser est : avez-vous des comportements à risques ?», pense-t-il.

Selon lui, il y a un certain nombre d'homosexuels qui aimeraient donner du sang. « C'est un devoir civique et une question morale, a-t-il dit. Il me semble que cinq ans ce n'est pas réaliste comme nouvelle politique. »

La Nouvelle-Zélande possède une politique de restriction de cinq ans. D'autres pays, comme le Royaume-Uni, le Japon, et l'Australie, imposent une réglementation d'une seule année de restriction pour les homosexuels qui veulent donner du sang.