Les libéraux ont fait des pieds et des mains pour conserver l'hôpital des Shriners à Montréal, mais c'est le gouvernement Marois qui essuie la facture.

La Presse a appris qu'un engagement pris en 2005 par l'ancien gouvernement Charest rattrape maintenant le gouvernement Marois, qui doit éponger la facture du permis de construction du nouvel hôpital, qui sera érigé sur le site Glen.

En juillet 2005, au moment où l'organisation internationale des Shriners menaçait de déménager son hôpital canadien de Montréal à London, en Ontario, le gouvernement Charest a pris plusieurs engagements pour convaincre les délégués des Shriners de laisser l'hôpital dans la métropole.

Un terrain a été décontaminé et cédé aux Shriners sur le site Glen, aux côtés du futur Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Dans une lettre écrite en avril 2005, l'ancien ministre de la Santé, Phillippe Couillard, engageait son gouvernement à payer les coûts liés à la décontamination du terrain, la taxe de mutation ainsi que le permis de construction.

Ce dernier engagement, qui représente une facture de 850 000$, a causé un imbroglio au cours des dernières semaines. Le maire de Montréal, Michael Applebaum, a écrit au ministre de la Santé, Réjean Hébert, pour lui faire part de son mécontentement concernant cette promesse qui engageait la Ville.

Un dossier «mal ficelé»

Une entente est finalement survenue au cours des derniers jours. Le gouvernement du Québec déboursera 750 000$ et la Ville de Montréal payera 100 000$ pour le permis de construction de l'hôpital des Shriners, a confirmé Ariane Lareau, attachée de presse du ministre Hébert.

«Le dossier a été mal ficelé à l'époque», soutient Mme Lareau. «On ne remettra pas en question l'importance et la pertinence du projet Shriners», précise-t-elle, en reconnaissant toutefois que pour le gouvernement, il s'agit d'une «entente particulière en fonction de la situation exceptionnelle ou unique» qui prévalait à l'époque.

Les coûts liés au permis de construction seront inclus dans la facture du CUSM, puis remboursés par le directeur exécutif des projets de modernisation des hôpitaux par l'entremise des frais de contingence.

«Ce n'est pas une contribution lourde à payer pour avoir un hôpital à Montréal au lieu de London afin d'offrir des soins de santé aux enfants dans le futur», a fait valoir Jerry Gantt, membre du conseil des Shriners International chargé de superviser le projet de construction à Montréal, satisfait que l'entente ait finalement été conclue.

Campagne de séduction

En 2005, l'organisation des Shriners avait menacé de quitter Montréal pour installer son nouvel hôpital à London, en Ontario. L'hôpital actuel, construit en 1925, est trop petit.

London et Montréal s'étaient lancés dans une campagne de séduction auprès des Shriners. Le premier ministre de l'époque, Jean Charest, l'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard, et des représentants du gouvernement s'étaient rendus à Baltimore en juillet 2005, lors de la réunion annuelle des Shriners, pour convaincre les délégués de voter en faveur de Montréal.

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Ouverture en 2015

L'hôpital des Shriners de Montréal offre des soins orthopédiques ultraspécialisés aux enfants, dont une proportion de 60 % provient du Québec. Le gouvernement provincial assume d'ailleurs une part du budget de fonctionnement de l'hôpital. L'établissement étant devenu trop petit, le nouvel hôpital ouvrira en 2015 sur le site Glen, aux côtés du Centre universitaire de santé McGill.