Citant la «culture du silence» qui règne au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), les infirmières et les employés professionnels et techniques se retirent des grands chantiers d'optimisation qui visent à éviter le gouffre financier.        

En décembre dernier, le ministre de la Santé a placé le CUSM en quasi-tutelle en nommant un accompagnateur spécial mandaté pour l'aider à corriger ce qui était en voie de devenir le pire déficit de l'histoire du système de santé québécois. Un plan de compressions de 28 millions a été soumis et accepté par le Ministère. Six grands chantiers d'optimisation ont aussi été créés pour épargner 21 millions supplémentaires.

La semaine dernière, le syndicat qui représente les 3800 infirmières du CUSM a quitté les tables de travail, jugeant que la direction n'avait pas fait preuve de transparence. Le syndicat des 1600 employés professionnels et techniques ont également claqué la porte.

«Vous avez toujours refusé de nous donner accès au plan global de compressions», a écrit Line Larocque, présidente du syndicat des infirmières, dans une lettre adressée à la directrice des ressources humaines, que La Presse a obtenue. «Le directeur général, Normand Rinfret, nous a proposé une entente dans laquelle nous aurions pu avoir accès au plan de compressions en échange de notre silence. Nous devions accepter l'impact des compressions budgétaires de 50 millions sans mot dire et donc, cesser de dénoncer les problématiques à cet effet dans les médias.»

L'un des six chantiers d'optimisation vise à réorganiser la main-d'oeuvre infirmière. Le CUSM espère ainsi épargner 1,4 million, notamment en diminuant le nombre d'infirmières-chefs, de cadres et d'infirmières-éducatrices.

Des infirmières auxiliaires

Éliminées dans les années 80, les infirmières auxiliaires, qui coûtent beaucoup moins cher que leurs collègues formées au cégep ou à l'université, feront de nouveau leur entrée au CUSM. «Nous ne pouvons pas nous permettre d'endosser la responsabilité de décisions qui seront, une fois encore, prises trop rapidement et qui pourraient avoir un impact majeur et incertain sur la qualité, le climat de travail de nos membres, ainsi que sur l'accessibilité et les soins directs offerts à la population», poursuit Mme Larocque dans sa lettre.

Un mois après son dépôt au Ministère, le plan de compressions du CUSM n'a toujours pas été rendu public, malgré les demandes répétées des médias. La directrice des ressources humaines, Joanne Brodeur, assure qu'il le deviendra au cours des prochains jours.

«J'ai discuté avec les syndicats, et la raison pour laquelle ils se retirent des grands chantiers, c'est qu'ils ne veulent pas être représentés comme étant ceux qui ont identifié d'autres coupes. Ce qui est tout à fait compréhensible», affirme Mme Brodeur. «Même s'ils ne sont pas assis dans les grands chantiers, ils sont appelés à nous donner leur opinion quand même et donc, par la bande, on rencontre chacun des représentants syndicaux.»

Les mesures d'optimisation de 21 millions seront déposées au Ministère le 1er mai.