Montréal le 30 mars 2013

Au Ministre de la Santé et des Services Sociaux, le Dr Réjean Hébert

Édifice Catherine-de-Longpré

1075, Chemin Ste-Foy, 15e étage

Québec (Québec)

G1S 2M1,

À l'Agence de la Santé et des Services Sociaux de Montréal

3725, rue St-Denis

Montréal (Québec) H2X 3L9,

Nous souhaitons, en tant que médecins du CHUM, exprimer notre consternation et notre préoccupation face à l'annonce récente par le Centre de santé et de services sociaux Jeanne-Mance, dans les pages de La Presse, d'un plan clinique pour le nouvel hôpital communautaire sur le site de l'actuel hôpital Notre-Dame, qui aurait par ailleurs été approuvé par l'agence de Montréal.

En effet, ce plan semble avoir été élaboré sans consultation, ni avec les équipes cliniques de l'actuel CHUM, ni avec les médecins qui seront en principe appelés à oeuvrer dans le nouvel hôpital. Nous sommes dans l'ignorance totale de ce que contient ce plan clinique, hormis ce qui a été publié dans le journal La Presse. Le chef du département de psychiatrie, le Dr Paul Lespérance (signataire de cette lettre), a obtenu copie de ce plan, comme tous les chefs de département médicaux du CHUM, il y a à peine 4 semaines, soit 15 mois après son dépôt à l'agence; un document présenté comme final, un fait accompli.

Les éléments qu'on y retrouve nous semblent par ailleurs inquiétants, car dissociés de la réalité clinique que nous vivons au quotidien sur le terrain. À titre d'exemple, le projet propose une urgence plus grande que celle de l'hôpital Notre-Dame du CHUM actuel.  En revanche, le plan clinique prévoit attribution de 30 à 42 lits combinés pour la psychiatrie et la désintoxication. Hors, l'offre de service combinée pour cette population dans le CHUM est actuellement de plus de 85 lits. Avec une urgence plus importante et moins de ressources d'hospitalisation, on peut déjà anticiper que le problème d'engorgement des urgences du centre-ville, déjà critique, s'empirera considérablement et deviendra ingérable si ce plan est mis à exécution. Pour nous, qui nous considérons responsables du bien-être de nos patients, ainsi que de la mission populationnelle en santé mentale du centre-ville, ce scénario n'est pas acceptable. Ces mesures vont d'ailleurs à l'encontre des stratégies mises en place par le ministère pour s'éloigner d'un modèle uniquement centré sur les urgences, qui ne répond pas aux besoins à plus long terme de ces populations vulnérables.

La création d'un nouvel hôpital est un travail d'une grande complexité, et qui nécessite par conséquent une grande expertise dans la gestion hospitalière. Il est naturel de penser que les équipes cliniques et les médecins appelés à mettre sur pied et alimenter les services cliniques devraient être au coeur du processus. Les équipes actuellement en place au CHUM, dont nombre sont appelées à migrer vers le nouvel hôpital communautaire, connaissent et suivent déjà la clientèle ciblée par le projet clinique. Il est incompréhensible qu'un plan d'une telle envergure et d'une telle importance ait pu être conçu en vase clos par une équipe restreinte de gestionnaires de CSSS, et encore plus inconcevable qu'un plan aussi peu ancré dans l'expertise et la réalité de terrain eusse pu être approuvé, sans processus de consultation ou de révision, par l'agence de Montréal.

Nous remettons fortement en question la validité de ce processus, et recommandons sans détour à l'Agence de Montréal de résilier sa décision d'approuver ce plan clinique sans consultation plus large. Par ailleurs, nous recommandons au ministère de la santé de s'abstenir d'entériner ce projet avant d'avoir eu l'assurance d'être devant un plan qui reflète une réelle expertise, une évaluation approfondie des impacts anticipés, et l'adhésion des équipes et des médecins du CHUM appelés à participer à ce nouvel hôpital de centre-ville. Les enjeux sont énormes, et la responsabilité de faire une transition compétente, professionnelle et réussie l'est tout autant.

 

Amal Abdel Baki, MD FRCP(C)

Médecin Psychiatre

Chef du service des troubles psychotiques, département de psychiatrie

CHUM-Notre-Dame

Professeure agrégée,

Faculté de Médecine, Université de Montréal

 

Cédric Andrès, M.D., F.R.C.P(C)

Médecin Psychiatre

Chef médical du service interne, département de psychiatrie

CHUM-Notre-Dame

Psychiatre répondant, CLSC des Faubourgs, UMF-Notre-Dame, GASMA

CSSS Jeanne-Mance

Professeur adjoint de clinique

Faculté de médecine, Université de Montréal

Julie Bruneau, MD, MSc.

Médecin, service de médecine des toxicomanies, CHUM

Chef du département de médecine générale du CHUM par intérim

Professeur, Département de Médecine Familiale, Université de Montréal

 

Olivier Farmer, MD, FRCP(C)

Médecin Psychiatre

Adjoint au chef de département de psychiatrie pour la psychiatrie urbaine

CHUM-Notre Dame

Psychiatre Répondant de l'équipe itinérance

CSSS Jeanne-Mance

Professeur adjoint de clinique,

Faculté de médecine, Université de Montréal

 

Laurentiu Fulicea, MD, FRCP(C)

Médecin psychiatre

Responsable médical de l'unité des soins intensifs psychiatriques

CHUM-Notre-Dame

Chargé clinique d'enseignement

Faculté de médecine, Université de Montréal

 

Didier Jutras-Awad, MD, FRCP(C)

Psychiatre, service de psychiatrie des addictions

Chercheur en toxicomanie, CRCHUM

Professeur adjoint de clinique,

Faculté de médecine, Université de Montréal

 

Pierre Lauzon, MD

Médecin, service de médecine des toxicomanies, CHUM

Chef du service de médecine des toxicomanies du CHUM

Professeur, département de Médecine Familiale, Université de Montréal

 

Paul Lespérance, MD, MSc, FRCP(C)

Médecin Psychiatre

Chef du département de psychiatrie

CHUM

Professeur agrégé

Faculté de médecine, Université de Montréal

 

Francine Morin, MD, FRCP(C)

Médecin Psychiatre

Chef médical de l'urgence, département de psychiatrie

CHUM-Notre-Dame

Professeur adjoint de clinique,

Faculté de médecine, Université de Montréal

 

Marie-Carmen Plante, MD, FRCP(C)

Médecin Psychiatre

CHUM-Notre-Dame

Professeure agrégée

Faculté de médecine, Université de Montréal