L'Ordre des pharmaciens du Québec tente de déterminer si certains de ses membres ont commis une faute déontologique en s'associant à un programme commercial controversé chapeauté par McKesson, l'un des principaux distributeurs de médicaments du pays.

«Je peux vous confirmer que le syndic a démarré une enquête à ce sujet», a déclaré cette semaine à La Presse la directrice générale et secrétaire de l'Ordre, Manon Lambert.

«Il faut s'assurer que les pharmaciens travaillent bien en fonction de l'intérêt des patients et ne se trouvent pas en conflit d'intérêts», a-t-elle précisé.

La Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) enquête depuis 2009 sur les dispositions d'un «programme de conformité» mis sur pied par McKesson auquel s'étaient associés notamment plusieurs dizaines de pharmaciens de la bannière Proxim.

Il prévoyait le versement de «rabais volume» aux pharmaciens participants qui s'approvisionnaient en médicaments en respectant des «listes préférentielles» favorisant certains fabricants de produits génériques.

Prudence requise

La Loi sur l'assurance médicaments prévoit notamment qu'aucune réduction de prix d'un produit ne peut être liée à l'atteinte d'un «volume déterminé d'achat pour une période donnée». Ce type de disposition vise à assurer que le prix des médicaments remboursables n'est pas touché par des arrangements secrets entre pharmaciens, distributeurs et fabricants.

Selon Manon Lambert, les pharmaciens de la province évoluent dans un environnement commercial complexe et il n'est pas toujours facile pour eux de prendre la mesure des stratagèmes commerciaux qui leur sont proposés.

«Avant de signer des contrats qui peuvent comporter des dizaines de pages et beaucoup de petits caractères, nous leur recommandons de consulter un avocat qui connaît le droit professionnel», indique-t-elle.

Précédents

Plus d'un millier de pharmaciens ont été sanctionnés par l'Ordre des pharmaciens au cours des dernières années pour leur participation à un système de ristournes illégal qui avait cours au début des années 2000.

Ces ristournes étaient versées sous plusieurs formes par des fabricants de médicaments génériques qui cherchaient ainsi à privilégier leurs produits.

Les coûts résultants étaient intégrés par les fabricants dans le prix des médicaments, ce qui gonflait d'autant la facture pour les régimes d'assurance public et privés.

La RAMQ a intenté des poursuites en dommages et intérêts d'une valeur totale de près de 50 millions de dollars contre quatre fabricants de médicaments génériques liés à cette affaire.

Selon le porte-parole de la RAMQ, Marc Lortie, trois des poursuites ont été réglées à l'amiable. Une seule, ciblant la firme Apotex, demeure non résolue.