Trente-trois jours. Les visites à l'hôpital Santa Cabrini, de Montréal, ont été interdites pendant 33 longs jours, en janvier et février derniers. C'est une éclosion de bactéries insensibles à plusieurs antibiotiques - les entérocoques résistants à la vancomycine (ERV) - qui a forcé l'établissement à fermer ses portes. Tenus en otages par une superbactérie: tel a été le sort des occupants des 369 lits de Santa Cabrini.

«Ç'a été difficile pour les patients et pour leurs parents», souligne Thérèse Filiatreault, dont le frère est hospitalisé à Santa Cabrini depuis janvier. «Mon frère m'a dit qu'en prison, au moins, les gens ont droit à des visites.»

Souffrant de fortes douleurs au dos, paralysé d'un bras, le frère de Mme Filiatreault perdait le moral, isolé. «Il avait besoin d'aide pour manger, mais on nous empêchait d'y aller, dit la dame. Il ne recevait pas le minimum de soins d'hygiène. Le personnel n'a pas le temps, alors les patients écopent.»

Rocco Famiglietti, directeur des communications de l'hôpital, a dit à La Presse que les soins de base étaient donnés pendant l'interdiction de visites. «Le personnel de soins est là pour ça», a-t-il assuré.

Les visites ont finalement repris le 14 février. Il ne faut pas croire que Santa Cabrini a réussi à vaincre l'ERV, qui avait contaminé au total 96 personnes en date du 14 mars. Il y avait alors toujours 33 patients porteurs d'ERV dans l'hôpital. Récemment, Mme Filiatreault a appris que son frère faisait partie du lot.