Denis Nilsson, de Trois-Rivières, a perdu sa femme. «Son coeur a arrêté de battre le 29 mai dernier, à 19 h 25», se rappelle-t-il clairement. Linda Lamothe, 50 ans, était infectée par la superbactérie résistante Klebsiella pneumoniae carbapenemase (KPC), attrapée dans un hôpital brésilien. «Elle et moi ne faisions qu'un, donc je suis devenu une demie», dit tristement le veuf.

Retour au jour de l'An 2012. Mme Lamothe est en visite chez son père, installé au Brésil depuis de nombreuses années. Le 4 janvier, elle commence à avoir de la difficulté à respirer, au point d'entrer à l'hôpital Monte Klinikum, de Fortaleza, deux jours plus tard. Diagnostic: broncho-pneumonie.

Son séjour à l'hôpital vire par la suite au cauchemar. Mme Lamothe devient temporairement paralysée - les médecins détectent le syndrome de Guillain-Barré - puis la bactérie KPC infecte ses poumons. «It's a bad bacteria», disent sans détour les médecins brésiliens à son mari, venu à son chevet.

Une douzaine de sortes d'antibiotiques sont donnés à la Québécoise pendant son hospitalisation au Brésil. Un de ses reins, greffé 14 ans auparavant, ne le supporte pas. Mme Lamothe doit être mise sous dialyse. Puis, elle fait un infarctus du myocarde, suivi d'un arrêt cardiaque la paralysant pour de bon. Trachéotomie, colostomie et gastrostomie sont nécessaires.

Cinq mois aux soins intensifs

Rapatriée le 20 février, la femme lutte jusqu'à ce jour de mai où elle demande qu'on arrête tout. Les médecins québécois n'ont pas réussi, eux non plus, à la débarrasser de la superbactérie. «Elle savait qu'elle ne serait jamais plus capable de respirer normalement, jamais plus capable de marcher, relate M. Nilsson. On a beau vouloir se battre, à un moment donné, on se dit que la sortie va être plus facile.»

Le couple s'était connu à l'âge de 15 ans. «Parmi toutes nos connaissances, il n'y avait pas d'union plus solide, assure le veuf. La perte de ma femme signifie la perte d'une partie de moi-même. Aujourd'hui, la blessure s'est passablement refermée, je vais de mieux en mieux. Mais la cicatrice restera à jamais.»