Une soixantaine d'interventions chirirgicales ont été annulées jeudi et vendredi derniers afin de décongestionner les urgences de Montréal. Selon l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, cette mesure d'exception (de «niveau 3») a permis de donner un peu de répit aux urgences, en surcapacité constante depuis le mois de décembre avec des taux d'occupation supérieurs à 150%. La mesure pourrait toutefois avoir des effets sur les temps d'attente en chirurgie.

On a reporté des interventions d'orthopédie et d'oto-rhino-laryngologie (nez, oreilles, sinus, pharynx et larynx) ainsi que des cholécystectomies (ablation de la vésicule biliaire), toutes en médecine ambulatoire. Plusieurs hôpitaux ont eu recours à cette mesure, dont Maisonneuve-Rosemont, Santa Cabrini, Verdun et le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

À l'Agence, on note que, dans 8 hôpitaux sur 17, le taux d'occupation des urgences est de 150%. Le 15 janvier, c'était le cas dans 14 hôpitaux. Le nombre de patients qui attendent plus de 48 heures avant d'être hospitalisés a aussi diminué: 124 patients étaient dans cette situation hier, comparativement à près de 200 la semaine dernière.

Quand il y a crise dans les urgences, il n'est pas rare qu'un patient obtienne son congé de l'hôpital après quelques jours, voire une semaine, sans que les médecins aient été en mesure de le faire d'hospitaliser.

Le président de l'Association des médecins d'urgences du Québec, le Dr Bernard Mathieu, ne voit pas d'un bon oeil la décision de l'Agence d'annuler des opérations et des rendez-vous en externe. «Il faudra opérer ces patients un jour ou l'autre, a-t-il fait remarquer. La mesure n'aura pour résultat que de pelleter des problèmes en avant.»

Malgré différentes mesures qu'a prises le gouvernement dans les dernières années pour ramener à moins de six mois l'attente pour la chirurgie d'un jour, 100 000 patients attendent depuis plus de six mois pour se faire opérer. À Montréal, ce serait un patient sur trois.

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La chirurgie en chiffres:

> Un sur trois: proportion de patients qui attendent au moins six mois une opération de la hanche, du genou, de la cataracte ou toute autre intervention ne nécessitant pas d'hospitalisation.

> Deux sur dix: proportion de Québécois qui attendent une opération depuis plus de six mois.

> 336 053: nombre de personnes qui sont passées sous le bistouri au Québec en 2011. C'est 14 000 de plus qu'en 2010. En février dernier, le gouvernement prévoyait que 500 000 personnes auraient subi une opération au cours de l'année 2012 au Québec.