Le ministère de la Santé du Canada a présenté vendredi son plan de réforme du programme de marijuana médicale. Le règlement proposé créerait une toute nouvelle industrie au pays, à la fois légale et lucrative.

Les changements rendus publics dans la Gazette officielle prévoient abolir, d'ici à 2014, le système d'autorisation de production de cannabis actuellement dont bénéficient plus de 15 000 particuliers. La production et la distribution de cette drogue à des fins thérapeutiques seraient dorénavant confiées à de petites entreprises, qui en obtiendraient l'autorisation par le gouvernement. À l'heure actuelle, cette opération est menée par des particuliers ou par Santé Canada, qui confie la production à une entreprise privée, Prairie Plant Systems. Ottawa fournit aussi des autorisations aux utilisateurs. En vertu des règles proposées, le ministère de la Santé se retirerait complètement de cette portion de l'équation et laisserait aux médecins le soin de prescrire la marijuana.

Ce rôle de «gardiens du système» confié aux médecins a déjà été vivement dénoncé par plusieurs de leurs associations professionnelles. Elles affirment que de prescrire une drogue comme si c'était un médicament homologué va à l'encontre de leurs règles déontologiques. En cessant de subventionner des grammes de cannabis à 5$, le gouvernement prévoit économiser près de 125 millions par année d'ici 10 ans. À pareille date, selon ses prévisions, le nombre d'utilisateurs du système pourrait atteindre 450 000 personnes, soit près de 20 fois plus qu'aujourd'hui.

La ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, doit faire l'annonce officielle de sa réforme au cours d'une conférence de presse à Vancouver demain. En principe, le règlement proposé dans la Gazette officielle n'est pas définitif, et il pourrait faire l'objet d'ultimes modifications avant d'être adopté. Mais au gouvernement, on indique que ces changements seraient mineurs, puisque la réforme a déjà fait l'objet d'une vaste consultation.

En plus des motifs financiers, le Ministère a évoqué des raisons de sécurité pour justifier les changements. Les entreprises sélectionnées seront donc assujetties à des règles de surveillance strictes et leurs «employés-clés» devront montrer patte blanche.