À moins d'un dénouement de moins en moins probable, plus de la moitié des techniciens ambulanciers qui desservent le Québec déclencheront une grève générale illimitée la veille de Noël, a appris La Presse. Ce sont 2500 ambulanciers, dont 800 d'Urgences-santé en poste dans la grande région métropolitaine ainsi que sur le territoire de Laval, qui prévoient prendre part au mouvement.

Selon nos informations, la CSN, qui représente ces professionnels de la première ligne, doit en faire l'annonce aujourd'hui dans un point de presse. En raison de la Loi sur les services essentiels, les ambulanciers pourraient être tenus de maintenir les transports urgents. Il n'en demeure pas moins que de grandes perturbations seraient à prévoir à la suite de différents moyens de pression.

Les techniciens ambulanciers de la CSN sont sans contrat de travail depuis près de trois ans, soit depuis mars 2010. Ils tentent de négocier leur entente dans un contexte où le volume d'appels a pratiquement doublé en 10 ans à Montréal et à Laval, passant de 500 à 1000 appels par jour. Dans la foulée, une bonne partie des ambulanciers ont maintenant une formation collégiale, avec de l'équipement pour diagnostiquer et évaluer la gravité des infarctus du myocarde ou administrer certains médicaments, comme dans le cas d'allergies graves.

En juillet dernier, les syndicats représentant les techniciens ambulanciers pensaient être parvenus à un accord avec le gouvernement, quand une entente de principe a été conclue au sujet de la masse salariale. Cette entente, qui prévoyait les mêmes augmentations que pour l'ensemble des employés des secteurs public et parapublic, a toutefois été rejetée en assemblée par une majorité de 71%.

Les techniciens n'en démordent pas, ils veulent une meilleure reconnaissance de leur profession, notamment en fonction de leur formation générale. Au coeur de leurs négociations se trouve aussi la question des échelons salariaux. Le régime de retraite fait aussi partie des points qui achoppent.

Désengorger les urgences

En amont de ces négociations, les ambulanciers militent depuis des années pour participer au désengorgement des urgences, en ayant la possibilité de diriger ailleurs certains patients, par exemple durant le jour, dans des cliniques, ou encore vers des centres de soins de longue durée.

Par le fait même, les ambulanciers procéderaient à une sorte de triage, un acte dévolu actuellement aux infirmières des urgences. Cette ouverture, si elle était acceptée par le gouvernement, nécessiterait un accord avec le Collège des médecins du Québec ainsi que la possible création d'un baccalauréat en soins préhospitaliers. Ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis, il y a de nombreuses années que les techniciens ambulanciers sont partie prenante des soins de première ligne, bien au-delà du transport vers les urgences des hôpitaux.