Les médecins sont prêts à contribuer à l'effort budgétaire, mais il n'est pas question pour eux de rouvrir l'entente conclue avec le gouvernement, préviennent les deux fédérations représentant les médecins de famille et les spécialistes.

L'entente, signée à l'été 2011, prévoit une hausse de la rémunération des médecins de 9,5% l'an prochain - pour un total de 6,1 milliards de dollars. Concrètement, on parle d'un bond de 530 millions l'an prochain et de 540 millions en 2014-2015.

Joint par La Presse, le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), a affirmé qu'il était prêt à «un étalement ou à un réaménagement du décaissement». «On veut bien collaborer, a-t-il expliqué. Mais il faut comprendre que ces sommes servent à améliorer la prise en charge des patients, notamment de la clientèle vulnérable ou orpheline. Il est question de 50 000 patients supplémentaires.»

Le Dr Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), n'a pas répondu à une demande d'entrevue avec La Presse, hier. En matinée, à l'émission de Paul Arcand, il a déclaré être ouvert à un certain réaménagement, tout en conservant l'entente.

À Québec, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, qui rencontrera les deux présidents de fédérations demain, a promis de respecter «à terme» les hausses salariales. «Les médecins ont connu des hausses importantes de salaire, de l'ordre de 10 à 11%. C'est considérable, a précisé hier matin la première ministre Pauline Marois. Il y a bien sûr eu du rattrapage dans cela, donc normalement ils devraient être capables de faire un petit effort pour nous aider.»

Malgré ce bond fulgurant, la plupart des médecins québécois sont toujours moins bien payés qu'ailleurs au pays. En 2009-2010, les omnipraticiens du Québec gagnaient en moyenne un revenu brut de 196 950$ et les spécialistes, 306 215$. En comparaison, pour la même période, les médecins de famille au pays ont encaissé un revenu moyen brut de 248 716$, selon I'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS).

Interrogé au sujet de ses intentions, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a ciblé deux décisions du précédent gouvernement qui exercent «une pression très, très forte» sur les finances publiques: les dépenses en infrastructures et les ententes salariales avec les fédérations de médecins. «[Puisque] dans les autres provinces, la croissance de la rémunération [des médecins] est plus lente que ce qui était anticipé au moment de la signature des ententes, s'il y avait moyen d'étaler sur une plus longue période [le rattrapage salarial], ça nous donnerait un peu de souffle», a expliqué M. Marceau.

- Avec Denis Lessard et Paul Journet