La médecine à deux vitesses prend de l'ampleur au Québec, a dénoncé la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, jeudi. «Les citoyens qui bénéficient d'une assurance privée ou de revenus suffisants peuvent s'offrir des services plus rapides en clinique privée, dit-elle. Les autres doivent attendre l'accès au régime public, ce qui peut être au détriment de leur état de santé.»

Les délais d'attente sont souvent très longs. «C'est de plus en plus ce qui se fait. La question qui se pose, c'est: est-ce que c'est ce que l'on souhaite? À mon avis, il faut prendre les moyens pour rendre le régime accessible à tous, ce qui n'exclut pas le privé», a-t-elle indiqué dans une conférence de presse à la suite de la remise de son rapport 2011-2012 à l'Assemblée nationale. «Dans la mesure où le privé peut avoir un apport positif sur l'accessibilité des services selon la priorité santé et pour tous, c'est effectivement souhaitable. Mais ce qu'on constate présentement, c'est le double avantage de la carte d'assurance maladie et de la carte de crédit. À mon avis, ce n'est pas acceptable. Alors, il faut se poser des questions sur les fondements du système.»

Cette médecine à deux vitesses remet en question le principe selon lequel les soins sont donnés d'abord à ceux qui en ont le plus besoin en fonction de leur état de santé, «sans égard à leur capacité de payer». Les valeurs d'universalité et d'équité inscrite dans la Loi sur l'assurance maladie sont également bafouées, selon Mme Saint-Germain.

Parmi les services au coeur de la médecine à deux vitesses, il y a la physiothérapie, l'audiologie, l'orthophonie et la coloscopie. «En radiologie, des gens se font dire: vous avez une masse à tel endroit, c'est possiblement cancéreux. À l'hôpital, c'est trois ou quatre mois avant d'avoir la radiographie, mais à la clinique en face, c'est 24 heures, 48 heures, 2 semaines. Il y a même des gens qui vont, et on le comprend, prendre les moyens et y aller. C'est ce qui s'installe et qu'on ne doit pas laisser aller sans régir ce qui se passe. C'est ça qui est vraiment important», a dit Mme Saint-Germain.

Dans le système public, des services sont souvent «théoriquement» à la disposition de la population, mais en réalité, les délais «réduisent l'accessibilité». Ce phénomène contribue à l'expansion de la médecine à deux vitesses, selon la protectrice du citoyen.