La présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest, estime que l'État devrait rembourser les frais de psychothérapie des Québécois en détresse qui doivent se tourner vers le privé faute de place dans le réseau public. Un sondage publié jeudi par l'Ordre des psychologues révèle d'ailleurs que les coûts trop élevés et l'attente trop longue avant d'avoir accès à un psychologue empêcheraient la majorité des Québécois de consulter.

Le coup de sonde, mené auprès de 600 personnes par la firme Jolicoeur et Associés, révèle que 61% des répondants estiment qu'un coût trop élevé les empêcherait de faire une psychothérapie et que 55% ne consulteraient pas en raison d'une attente trop longue. Le doute envers l'efficacité de la thérapie dissuaderait 28% des gens.

S'ils devaient consulter un psychologue, 47% se tourneraient vers le système public et 53% vers un bureau privé, dont les consultations, qui coûtent de 80$ à 120$ par séance, sont parfois remboursées partiellement par les assureurs. «C'est carrément un système à deux vitesses, c'est-à-dire que ceux qui ont de l'argent peuvent facilement avoir accès à un psychologue, car il n'y a pas de pénurie de psychologues dans le réseau privé. Mais ceux qui ne peuvent pas payer les coûts vont dans le réseau public, où il y a de longues listes d'attente. Le sondage n'a fait qu'objectiver l'impression qu'on avait déjà», explique Mme Charest.

Plusieurs mois d'attente

Seulement 2000 des 8500 psychologues du Québec travaillent dans le réseau public, dont une grande proportion à temps partiel. Il faut souvent attendre plusieurs mois avant d'obtenis uen consultation. «Comme société, on a le devoir d'offrir des services aux personnes qui souffrent, car la souffrance psychologique, ce n'est pas parce qu'elle ne saigne pas et qu'elle ne paraît pas aux urgences qu'elle fait moins mal. Lorsque l'état de la personne le justifie, je pense qu'il devrait y avoir des programmes qui donnent accès à la psychothérapie rapidement, dans le réseau public le plus possible, mais remboursée si c'est au privé.»

À la question du choix de traitement en cas de dépression, 32% des répondants ont affirmé qu'ils opteraient uniquement pour une psychothérapie, 46% une combinaison de psychothérapie et de médicaments, et 6% choisiraient seulement les antidépresseurs pour y faire face.

«Seulement 6% de la population souhaiterait un traitement uniquement aux antidépresseurs, mais compte tenu du manque d'accessibilité au service des psychologues, il y en a beaucoup plus qui se retrouvent dans cette situation, tout en n'ayant pas le traitement psychologique qu'ils souhaitent et dont ils ont besoin. Ça, on le déplore, on le dénonce», dit Mme Charest.