Il faudra attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant de connaître l'issue du litige judiciaire entre les radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Le procès a été suspendu, hier, pour permettre à la Dre Marie-Josée Berthiaume, conjointe du Dr Gaétan Barrette, de porter en appel une décision du juge sur la protection des sources journalistiques.

Le juge Marc-André Blanchard a donné raison hier aux avocats de La Presse et de son ex-journaliste André Noël. La veille, M. Noël avait refusé de répondre aux questions de l'avocat de la Dre Berthiaume, qui voulait connaître ses sources.

«L'identité de la ou des sources n'a ici aucun caractère essentiel dans le cadre du différend entre les parties», a déclaré le juge Blanchard, qui s'est basé sur une décision de 2010 de la Cour suprême concernant le National Post pour rendre son jugement.

La Dre Marie-Josée Berthiaume poursuit 12 de ses collègues radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont pour harcèlement et ces derniers la poursuivent en retour. Dans sa poursuite, elle affirme en outre que des collègues, dans le but de la harceler, ont constitué un «dossier d'enquête» sur les erreurs présumées de lectures radiographiques du Dr Barrette et qu'ils ont confié le dossier à André Noël. Soulignons que les 12 radiologues impliqués ont tour à tour nié être la source de M. Noël pendant le procès. La Presse, qui a publié un reportage en juin 2012, est poursuivie dans cette affaire.

Le juge Blanchard a remis en doute la pertinence du dossier des erreurs présumées du Dr Barrette dans l'affaire qui l'occupe. «Certes, il est vrai que Gaétan Barrette est [le] conjoint [de la Dre Berthiaume], et ce qui affecte Gaétan Barrette peut l'affecter. Encore faut-il qu'il existe un lien rationnel raisonnable entre les gestes reprochés et les conséquences causales directes en droit sur elle», a déclaré le juge.

Le dossier des erreurs présumées du Dr Barrette a pourtant été maintes fois abordé au cours du procès. L'audience de jeudi a presque entièrement été consacrée à ce sujet. L'avocat de la Dre Berthiaume, Me Jacques Jeansonne, a notamment questionné un ex-gestionnaire de la SORAD, société de partage de revenus des radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Éric Rousseau a soutenu qu'un médecin, le Dr Stéphane Carignan, lui a dit qu'il examinait «systématiquement» les dossiers de lectures du Dr Barrette pour trouver des erreurs. Le Dr Carignan l'avait précédemment nié.

Me Jeansonne a signifié son intention de porter en appel la décision sur les sources journalistiques. Le procès, qui en est aux plaidoiries finales, pourrait reprendre en novembre ou au début de 2013.